Page 24 - MOBILITES MAGAZINE N°43
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Politiques & institutions
guident les décisions sur le plan d'ensemble de la mobilité, afin de redimensionner le trafic des bus, trams, métros... Le nombre d'usa- gers fait évoluer non seulement la voirie dédiée (légalement, les EDPM ont été chassés des trottoirs pour être canalisés sur les pistes cyclables), mais aussi le station- nement. C'est-à-dire des mètres carrés, toujours chers, là où l'ha- bitant attendait des espaces verts. Il y a des questions de bon sens, si l'on peut dire : on a parfois sa- crifié une voie automobile pour caser deux pistes cyclables, là où le trafic médiocre n'en exigeait qu'une où les vélos se seraient croisés sans encombre.
Des opérateurs qui ne
se cassent pas la tête
En France, ces remises à plat concernent avant tout les munici- palités. En Europe du Nord, le privé en raffole également. Les campus, par exemple, font beaucoup appel aux bureaux d'étude pour organiser de nouveaux usages et de nou- velles mobilités. Et les Britanniques sont les rares capables de se pro- jeter en 3D, planifiant le partage de la voirie selon un module dé- clinable dans l'avenir. Les projec- tions doivent faire le distinguo entre les moyens de locomotion en usage temporaire, et ceux des usagers propriétaires. A Lyon, cela ne concerne que 6 % des cyclistes
(ceux qui parcourent en général les plus longues distances), le reste étant des free floaters utilisant le prestataire local, Vel'ov (avec une orientation beaucoup plus « loi- sirs »). Cependant, une bonne part d'entre eux va évoluer vers le vélo ou l'EDPM personnel, l'inverse étant rare, car lorsqu'on y recourt souvent, le free floating revient cher.
« Le casse-tête de toute autorité organisatrice de mobilité, c'est de tout desservir avec un seul moyen de transport, résume Guillaume Ficat-Andrieu, qui a travaillé sur les pôles d'activité de Bordeaux et Toulouse, où les effectifs concer- nés peuvent atteindre 120 000 sa- lariés. Pour limiter les efforts, les opérateurs ont tous misé sur le cœur urbain, délaissant le périur- bain, qu'il faut repenser avec un autre modèle économique, la com- plémentarité et un souci majeur, celui du dernier kilomètre ». Mais aussi... du premier kilomètre, afin de rallier le transport public le plus pratique.
Là, deux options : garer le matériel (la bicyclette et le VAE, principa- lement, mais aussi la trottinette en location), ou l'emmener avec soi (trottinette personnelle, mo- noroue, mais aussi vélo pliant). L'essentiel des édiles donne la priorité au vélo électrique. En amé- nageant les transports en commun, on peut aussi partir de chez soi à vélo sans jamais le quitter, ce qui génère une économie en places de parking. VelôToulouse (JCDe- caux) a ainsi réservé des wagons qui permettent de le garder avec soi.
La roue tourne à la Française
des Jeux
Pour optimiser, il faut coordonner
les transports et diffuser les infor- mations sur leurs horaires et l'état
du trafic. Les applis sont de plus
en plus liées entre elles, quand u
3 QUESTIONS À /Thierry Meersmamn fondateur du salon Velo in Paris
« Il faut tenir compte du travail du vendeur »
Mobilités
magazine
Mobilités : Quelles sont les tendances ? magazine
TM : Ce qui est en train de naître, ce sont des flottes pour équiper en vélos l'intégralité des employés d'une entreprise. Si l'on parle accessoires, le premier élément retenu, c'est l'antivol. Tout le monde est obsédé par ça. Mais l'innovation du moment, ce sont les casques à clignotants ou les casques à puce pour localiser un accident en appelant les secours. Le critère reste son poids et son rangement, même si le casque pliant n'a pas marché beaucoup : face à un vendeur, il faut tenir compte du temps qu'il passe à expliquer si la vente est aléatoire. De même, les fabricants chinois n'envoient pas de petites quantités. Il y a trois ans, on vendait même sur les plages des gyro-roues avec selle ; mais s'il n'a pas l'espoir de vendre un container, l'importateur laissera tomber.
Mobilités : Et les villes ? magazine
TM : Si on va de France en Belgique, on va souvent passer du zéro piste cyclable aux pistes cyclables partout : ils sont plus motivés. En France, la plupart des villes auraient besoin de repenser leurs pistes cyclables, notamment pour leur largeur, le double sens... et c'est déjà un sujet dans tous les villages. Tous nos maires se posent en champions de l'usage du vélo, mais contrairement aux Nordiques, ils ne l'utilisent pas personnellement, ou pour la photo. Et quand on a besoin d'eux pour inaugurer notre salon, curieusement ils ne sont pas libres... PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE DE LA TOUR
: A quand remonte votre salon ?
Thierry Meersman : Il a débuté en 2002 à Saint-Jean-de-La-Vetre pour finir porte de Versailles en regroupant tout ce qui se vend dans un magasin de vélo ou au rayon vélo d'une grande enseigne : monoroue, électrique, musculaire, hoverboard, gyropodes, gyroroues, vêtements, accessoires...
24 - MOBILITÉS MAGAZINE 43 - DÉCEMBRE 2020