Page 22 - MOBILITES MAGAZINE N°43
P. 22

 Politique & institutions
    MICRO-MOBILITÉ/Etat des lieux
Double succès et simple bilan
 C'est le paradoxe. En décembre 2019, les débrayages d'une grève majeure ont donné un coup d'accélérateur : dans les grandes villes, trottinettes
et vélos en tous genres se multiplient. Pour doper la tendance, la région Ile- de-France a avancé sa prime à l'achat d'un vélo électrique (déjà effective à Paris intra-muros), prévue pour janvier 2020. Quelques mois plus tard, l'essai est transformé par la crise sanitaire et la défiance envers le confinement... des transports en commun.
 Les villes multiplient donc les « coronapistes » et autres « voies Covid », pour vélos et
nouveaux moyens de déplace- ment, mobilisant les forces de l'ordre pour verbaliser tout auto- mobiliste qui les emprunterait. « A ma connaissance, la plupart seront définitives », affirme Pascal Caré, de chez le fabricant de cycles La- pierre, fournisseur de JCDecaux.
L'antique draisienne
et le vieux skateboard
En 6 mois, les micro-mobilités sont passées du statut de gêneur pa- tenté à celui d'alternative idéale au métro, avec un trajet-type équi- valent de 2 à 3 stations. « Le Covid a boosté la mobilité douce, continue Pascal Caré. Mais la chance a été un déconfinement aux beaux jours : les ventes ont continué, à l'heure où les municipales prenaient une teinte verte et les “ plans vélo “ juraient de rendre les cités plus
praticables ». La micro-mobilité est entrée en révolution, même si, comme dans tout élan révolution- naire, les chiffres réels des forces en présence sont difficiles à trouver. Ainsi, « l'envahissante » trottinette électrique, bête noire des piétons et automobilistes depuis 2017, n'a jamais représenté qu'une utilisation par 2 % des habitants des villes. Selon tous les experts, grève plus crise sanitaire ont trop bouleversé les choses pour que les progres- sions soient plus outrées que par- lantes (les 3/4 des usagers de 2020 y ont recours depuis moins d'un an). Les micro-mobilités concernent avant tout un moyen aussi vieux que la voiture ther- mique : le vélo « musculaire », comme on dit depuis peu. « En France, à cause du Tour, le vélo a une connotation sportive associée à l'effort, la difficulté, observe Pas- cal Caré. Le mal français, c'est de ne pas savoir se servir d'un dé-
railleur. Le vélo à assistance élec- trique (VAE) a tout changé ! » Vien- nent ensuite ce que des mois de discussion et de classifications ad- ministrativo-juridico-urbanistique ont fini par appeler les EDPM (En- gins de Déplacement Personnel Motorisés) : VAE, trottinettes à moteur, monocycles, gyroroues, hoverboards et tous les alias et synonymes de véhicules à deux roues avec planche au milieu ou tournant sur une seule... Une ex- pansion profuse et confuse qui va de l'ajout d'une batterie sur l'an- tique draisienne ou le skateboard oublié, à la création totale la plus déjantée - si l'on nous autorise ce jeu de mot.
Un open data limité
Depuis 5 ans, l'accroissement an- nuel du recours au vélo est évalué à 15 %. En 2020, une enquête du Smart Mobility Lab, think tank spé- cialiste du sujet, établissait que
22 - MOBILITÉS MAGAZINE 43 - DÉCEMBRE 2020
 



















































































   20   21   22   23   24