Page 16 - MOBILITES MAGAZINE n°37
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                 Politiques & institutions
  les termes de Bruitparif (dont les stations de mesure relèvent -60% à -90% d’émissions sonores le long des axes routiers et une quasi- disparition des nuisances aéropor- tuaires).
La diminution de la pollution at- mosphérique est également au rendez-vous, même si les résultats sautent moins aux yeux. Selon le bilan provisoire publié par airparif pour la semaine du 16 au 20 mars (début du confinement et dernière publication sur le sujet à la date de rédaction du présent article), l’amélioration de la qualité de l’air aurait été de l’ordre de 20% à 30% dans l’agglomération pari- sienne, en raison de la baisse de plus de 60% des oxydes d’azote dont les transports sont majoritai- rement responsables (et de façon plus marquée le long des axes de circulation).
En revanche, l’impact du confine- ment était peu visible sur les par- ticules, du fait de la multitude des sources d’émission (chauffage ré- sidentiel et activités agricoles no- tamment), et des conditions mé- téorologiques. Selon airparif, sans la forte limitation du trafic observé, l’Ile-de-France aurait eu à subir un épisode de pollution.
Enfin, il y a ce qu’on imaginait peu, comme ce retour de la faune sau- vage dans certaines villes. Et, moins bucolique, cette baisse sans pré- cédent des recettes indirectes pour les réseaux de transports publics. C’est ainsi que le Versement Mo- bilité (VM), dédié au financement des services de mobilité, qui re- présente plus de 50% des recettes de fonctionnement pour deux au- torités Organisatrices de la Mobilité (aOM) sur trois, va être durement affecté par les mesures d’urgence(1). En effet, cette taxe payée par les employeurs d’au moins 11 salariés est assise sur leurs revenus d’ac- tivité. Elle n’est ainsi pas prélevée sur les indemnités dont bénéficient
 LA BONNE IDÉE DU VÉLO : LE VRAI, LE FAUX
Depuis l'annonce de la date de levée progressive du confinement au 11 mai prochain, elisabeth borne, ministre de la transition écologique et solidaire, consulte à tout va pour favoriser les mobilités compatibles avec les nouvelles contraintes sanitaires imposées par le Covid-19.
Dès le 13 avril, elle a par exemple confié à Pierre serne, élu écologiste au Conseil régional d'Ile-de-France et président du réseau des Villes et territoires cyclables, la mission de concevoir un plan vélo post-confinement. Comme la plupart des écologistes, Pierre serne, ne peut considérer la voiture autrement que comme l’ennemi à abattre, et craint plus que tout que les habitants amenés à se déplacer dans les grandes agglomérations, à Paris en particulier, ne préfèrent le cocon protecteur de leur voiture aux transports en commun, for- cément surchargés en heures de pointe. L’élu n’hésite donc pas à déclarer que le vélo est « particulièrement adapté à la situation qu'on va vivre, à la reprise des activités. À vélo, on a une forme de distanciation sociale qui correspond à peu près à ce qui s'impose ». si l’assertion est sans doute vraie par rapport à une rame de métro, toutes les études scientifiques menées sur le sujet ne vont pas dans ce sens. Une récente publication scientifique belgo-néerlandaise* indique même que la distanciation souhaitable entre deux cyclistes dans l’effort serait de l’ordre d’une quinzaine de mètres... Le Diable se loge donc peut-être dans cet « à peu près ».
Par ailleurs, concernant les micromobilités en libre-service (vélo, trottinettes, mais aussi voitures électriques), devraient aussi se poser la lancinante question de la désinfection des « zones de contact » entre les utilisateurs successifs. Un défi que l’équilibre économique de ces services ne permettra sans doute pas d’absorber en l’état. enfin, dans un registre proche, il apparaît aussi fort probable que, pour les mêmes raisons, l’autopartage ou le co- voiturage, ces autres alternatives au tant décrié « autosolisme », n’aient trouvé dans le Covid-19 des raisons de désespérer.
Pour autant, le groupe écologiste à Paris ne désarme pas, et semble vouloir « pousser ses pions », puisqu’il annonçait le 20 avril qu’il était temps de « donner plus de place aux piétons en piétonnisant des rues sur le modèle de ce qui se fait lors des dimanches sans voiture ; réduire la vitesse à 30km/h sur les grands axes et à 20km/h sur les voies qui sont déjà à 30km/h ; sécuriser les déplacements à vélo sur les grands axes en mettant en place des aménagements simples et non coûteux comme de la peinture au sol ou des plots, afin de créer des pistes cyclables temporaires pour les gens qui travaillent et doivent pouvoir se déplacer en toute sécurité dès maintenant ». Des éléments déjà repris à Lyon ou à grenoble. tout a changé, mais rien ne change...
a Paris, comme peut-être ailleurs, le pragmatisme face à l’inquiétude de ceux qui doivent se déplacer aurait sans doute nécessité de rouvrir la ville à la voiture (même temporairement), quitte à voir les voies sur berges renouer avec la circulation. Une impossibilité idéologique, visiblement... PC
*http://www.urbanphysics.net/Social%20Distancing%20v20_White_Paper.pdf
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