Page 27 - MOBILITES MAGAZINE n°37
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                 CRISE SANITAIRE/MESURES «BARRIÈRE» t
       porter leur rentrée. « On peut ima- giner que dans certains endroits le confinement soit maintenu », a-t-il même déclaré, d’une manière, il faut le dire, stupéfiante. Stupéfiante, parce qu’on ne com- prend toujours pas pourquoi l’exé- cutif (incluant les déclarations du chef de l’Etat) annonce des me- sures, même avec prudence, pour ensuite revenir (toujours prudem- ment) dessus. Comme si nous hé- sitions toujours entre décentrali- sation et centralisation. Comme si, la parole publique ne pouvait pas résister à des effets d’annonce. Stupéfiante encore, parce qu’elle tourne autour d’une question cen- trale, celle des masques. Tout porte à croire en effet que le port du masque, un temps jugé inutile, voire « contre-productif » par la porte-parole du gouvernement, s’avérait la première et la plus sûre de toutes les « mesures bar- rières ». Et l’alternative qui surgit, comme un impératif catégorique, est bien celle du port du masque, ou de la distanciation sociale. Dans les transports scolaires comme dans tous les autres segments de l’activité. Mais que veut dire cette distanciation dans le milieu sco- laire ? On imagine des classes de quinze élèves... a contrario, que signifierait le port du masque ?
« Quant au transport scolaire, dé- plore à juste titre l’aNaTEEP, n’étant pas (comme à son habitude) un dossier prioritaire, le secteur devra manifestement s’adapter..., alors même que les concertations se poursuivent entre les pouvoirs pu- blics, les régions, les autorités or- ganisatrices de la mobilité, les opé- rateurs et les divers partenaires du transport d’élèves », dans le flou le plus total concernant la li- vraison de masques.
C’est clairement la « Santé » qui décide...
C’est le ministère de la Santé, bien sûr, qui fixera (ou pas) des recom- mandations pour les transports scolaires. a cette heure, en effet, on ne sait toujours pas si les textes seront modifiés pour tenir compte de la spécificité des transports scolaires. Ce serait pourtant d’utilité publique car, il faut le rappeler, les transports scolaires sont une com- pétence obligatoire, au-delà même de la nécessité d’une reprise des cours pour pouvoir sortir du télé- travail ou du chômage partiel. Ce que craignent les opérateurs, ce sont les modifications de circuits qui voudraient tenir compte des organisations trop spécifiques des établissements d’enseignement ; ils craignent aussi des délais de
prévenance trop courts qui ne per- mettraient pas d’organiser les ser- vices de transport dans de bonnes conditions. il faut également que les entreprises s’assurent de la disponibilité des conducteurs. Cer- tains pourraient ne pas vouloir re- prendre le travail, d’autres auraient besoin d’une visite médicale de reprise...Dans un secteur déjà sous tension, ce n’est pas un petit risque. Tous seront rappelés à la respon- sabilité. On parle ici d’accès aux autocars, mais aussi d’accès à des véhicules de plus petite capacité, ou d’accès aux infrastructures, aux abris bus, etc. On attendrait de l’Etat une validation des référentiels adoptés par les organisations pa- tronales. Le port du masque est la seule mesure susceptible d’em- pêcher la propagation du virus. Car on est loin des tests et a fortiori du vaccin. « Une fois l’im- possible éliminé, tout ce qui reste, aussi invraisemblable soit-il, doit être la vérité » dit Sherlock Holmes. Le problème c’est qu’on a pris l’in- vraisemblable pour impossible... Qui aura la charge de fournir les masques ? qui payera ? Certaines régions se lancent dans l’aventure, mais d’autres attendant, regimbent, temporisent. Si l’Etat fixe des règles, il devrait en assumer la charge. Logique.
Quant aux entreprises, elles ne couperont pas à l’équipement en masques de leurs conducteurs (pour ne parler que de cette me- sure, il y en a bien d’autres à pren- dre, par exemple en ce qui concerne la désinfection des vé- hicules par des moyens appropriés). Elles devraient aussi supporter le coût de cette mesure, même si les régions pourraient en tenir compte au moment où s’engage- ront les pourparlers pour la sortie de crise. Mais rien n’est sûr, à cette date, et malgré l’annonce de la date du 11 mai, rien n’est fixé.z
PAUL WILL
MoBiLités Magazine 37 - Mai 2020 - 27


























































































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