Page 7 - MOBILITES MAGAZINE N°17
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                  Tendance
 futur. « Le moteur électrique fait consensus, estime Jean-Patrick teys- saire, organisateur du congrès. Nous avons voulu traiter, ici, des consé- quences de ce choix. Et l’on voit bien que la question énergétique est loin d’être réglée. On voit bien qu’en ma- tière de véhicule électrique, de mul- tiples questions restent irrésolues. Les batteries, les solutions de re- charge, l’informatique embarquée, l’équipement des routes, des rues, etc. En attendant, les constructeurs veulent amortir leurs investissements passés dans le diesel. Même Carlos Tavarez, le PDG de PSA se précipite lentement vers l’électrique ! ».
Dans ce paysage, l’hydrogène pointe le bout de son nez. « Attention ! L’hydrogène le moins cher est raffiné. Il est sale ! », lance encore loïc le Floch-Prigent. Mais le congrès ne peut que constater la dynamique en cours. l’un des ateliers s’intitule d’ailleurs : « le véhicule à hydrogène est un véhicule élec- trique ». les exemples d’application fourmillent. alain Boeswillwald, le directeur général de la Semitan, la société des transports nantais décrit sa navette à hydrogène, en fonc- tionnement depuis quelques se- maines pour traverser l’erdre, un af- fluent de la loire. la règlementation a été difficile à faire évoluer. les ri- verains ne se sont pas encore faits à l’idée d’avoir des bonbonnes à hydrogène sur le rivage. au point que le bateau s’en va s’avitailler un peu plus loin. Mais il transporte jusqu’à 25 personnes. il rend le service recherché. et nantes équipe un dépôt de bus au Gnv d’une station de production d’hydrogène. Un projet vieux de 3 ans. le 1er gramme devrait être fabriqué début 2019. la station alimentera la ving- taine de véhicules d’intervention de la Semitan avant de futurs bus à hydrogène, comme Pau vient de s’en doter. « A Pau, ce qui a fait pen- cher la balance en faveur de l’hydro- gène, c’est que la ligne de bus chan- geait parfois de terminus. Et le coût de la recharge en ligne était trop élevé pour en prévoir une station
N Bertrand Chauvet, consultant en hydrogène :
« l’hydrogène est une sorte de colle qui agrège aujourd’hui tous les écosystèmes énergétiques ».
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Gérard Feltzer, consultant en mobilité du futur et proche de Nicolas Hulot :
« Personne ne défend plus le moteur diesel à terme ».
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Vincent Delcourt, responsable du cluster énergie à laSNCF:«Nous expérimentons très bientôt le train à hydrogène dans trois régions françaises ».
supplémentaire. La flexibilité de l’hy- drogène l’a emporté », explique Ber- trand chauvet, consultant spécialiste de l’énergie hydrogène et de la pile à combustible.
Trois Régiolis à hydrogène
« L’hydrogène coûte toujours cher à produire mais, argument de poids aujourd’hui, il résout le problème de recharge et d’autonomie de la voiture électrique. Une fois embarqué il fournit une quantité constante d’électricité à n’importe quelle température, contrai- rement à la batterie, sensible au froid », explique Julien Brunet, res- ponsable du développement de la mobilité durable chez Symbio qui a déjà équipé 250 voitures. De plus, il peut être distribué à travers les ré- seaux de stations-service existantes. D’ailleurs tous les grands groupes énergéticiens s’y intéressent. la ré- gion des Pays de la loire elle, l’envi- sage pour rapatrier l’électricité produite par des champs d’éoliennes installées loin des côtes. comme l’ecosse le fait déjà. Sa mission Hydrogène, à nantes, le voit employé dans les ba- teaux de pêche, dans les ports. Sur l’aéroport de toulouse-Blagnac, la tour de contrôle l’envisage pour se mettre en route plus facilement un groupe électrogène à l’hydrogène en cas de coupures de courant. « L’hy- drogène c’est une espèce de colle qui relie tout cela en écosystèmes », analyse Bertrand chauvet.
La SNCF s’y met
exactement le type de préoccupations qu’a la SncF autour de ses gares. « Nous sommes le premier consom- mateur industriel d’électricité, 1,5% de la consommation nationale. Nous développons beaucoup de compé- tences dans le management de l’éner- gie pour ne pas surdimensionner nos équipements de production, de stockage et de distribution d’électricité en gare et autour de nos gares », in- dique vincent Delcourt, responsable du cluster énergie à la SncF. car la fourniture d’énergie peut devenir un grand enjeu dans le sillage de la mo- bilité dont la SncF est déjà un acteur
central. « Nous devons développer autour de nos gares, les écosystèmes qui nous permettront d’agréger à nous toutes les formes de mobilité autonomes », indique vincent Delcourt. autre chantier, au préalable, celui de l’économie d’énergie. le train à hy- drogène en fait partie. la SncF lance dans quelques semaines son expéri- mentation pendant un an dans trois régions, avec une analyse d’ici 2021 et un déploiement en 2022, confor- mément à la commande de nicolas Hulot. objectif des régions : décar- boner leur consommation d’énergie. et aussi, faire des économies. l’un des buts de l’expérimentation est de mettre au point l’écosystème qui le permette. Y compris avec la « parti- cipation » de celui des gares. après tout, le rendement d’une pile à com- bustible est supérieur de 30% à celui d’un moteur diesel. en outre, alors que l’électrification totale du réseau ferroviaire apparaît exclue, le train à hydrogène roulera au-delà. la moitié du trafic des ter se fait hors ligne électrifiée. les régions sont donc preneuses. Y compris pour leurs « pe- tites lignes », au sens du rapport Spinetta.
l’expérience va se faire dans des trains régiolis d’alstom que beaucoup de régions viennent d’acheter. « Le coup supplémentaire de l’hybridation de la rame sera amorti sur 20 ou 30 ans, presque toute la vie du matériel », souligne vincent Delcourt. Dans ces rames électriques ou bi-mode, die- sel-électriques, l’objectif est de rem- placer les moteurs diesel par une pile à combustible ou de rendre plus autonome en électricité la version électrique. « En principe 50% de consommation d’énergie en moins », ajoute vincent Delcourt
Dans cette aventure le rôle des ré- gions a été primordial. « L’hydrogène, en France, c’est une dynamique venue des territoires », explique Bertrand chauvet, le consultant, spécialiste de l’hydrogène et de la pile à com- bustible. au congrès electric-road de nantes, il a tout du moins tracé sa route. z
HUBERT HEULOT
     MOBILITÉS MAGAZINE 17 - JUillet 2018 - 7
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