Page 18 - MOBILITES MAGAZINE N°38

Politique & institutions
DÉCONFINEMENT/Agglomération
Bordeaux, Toulouse, Nantes :
Avec le confinement, toutes les trois ont vu plonger d’un coup les finances de leurs réseaux de transports. La reprise d’activité ne panse le mal que lentement. Seconde vague de l’épidémie ou pas, toutes les trois ne voient pas la fréquentation des transports publics revenir à la « normale » avant un moment. Et les recettes qui vont avec.
Pour les trois agglomérations majeures que sont Bordeaux, Toulouse ou Nantes, le délais
de récupération, d’aucuns diraient d’un retour à la normale, envisagé varie : l’une l’estime en mois, les deux autres en années. Il en va de même de leurs analyses de l’impact à court et moyen terme sur leurs transports publics, et de ces finances plombées par le Coronavirus.
Bordeaux : acheter moins de bus et de tramways
« La nouvelle ligne de tramway vers l’aéroport, prévue pour la fin 2021, se fera. Mais nous la lancerons probablement sans rames supplé- mentaires ». Pour Christophe Du- prat, vice-président aux transports et au stationnement de Bordeaux Métropole, économiser sur le ma- tériel roulant devrait être la nouvelle orientation d’après crise sanitaire.
« Nous mettrons en place l’offre correspondant à la demande de fréquentation. Mais pour le mo- ment, tout indique qu’elle sera en baisse, confie-t-il. Pendant le confi- nement, elle est tombée à 10%. Elle est de 20% aujourd’hui. Nous pensons monter à 40% cet été et ne retrouver notre niveau d’avant la crise que fin 2021, peut-être 2022. La dynamique des transports publics est stoppée net. De plus, pendant cette crise, les habitudes des gens ont changé. Davantage de marche, de vélo, de télétravail, Ce sont probablement autant de nouveaux freins à l’utilisation des transports publics ».
Le réflexe de l’élu s’explique en partie par le fait que les TBM (Transports Bordeaux Métropole), avec ses 130 rames de tramway, était déjà calibré pour transporter 120% de ses 600 000 voyageurs
chaque jour. « Vous imaginez, si la fréquentation tombe à 300 000 ? », s’alarme Christophe Duprat. `
Conserver les projets
Depuis le confinement, les TBM ont perdu 20 M€ de recettes voya- geurs. La note devrait se monter à 34 M€ en fin d’année. En regar- dant les comptes, le réseau a fait des économies de carburants, de frais de personnel, placé en chô- mage partiel, salaires indemnisés à 84% par l’Etat. « Mais cela n’a pas suffi, on est loin de l’équilibre. D’autant que le réseau a dû enga- ger 410 000 € de nouveaux frais liés à la mise en sécurité des conducteurs et des passagers vis- à-vis du virus ».
En parallèle, la perte sur le verse- ment mobilité perçu par la métro- pole, est estimée à 7 M€, 2,5 M€ par mois. « Ils s’ajoutent aux 3 M€
18 - MobiLitéS MAgAzinE 38 - JuIN 2020