Page 27 - MOBILITES MAGAZINE N°38

Politique & institutions
pistes cyclables temporaires ?
des personnes utilisant les trans- ports publics sur les routes déjà largement saturées dans les grandes agglomérations.
Vent en poupe pour le vélo
Pour éviter cette situation, celles- ci vont devoir saisir l’opportunité de cette crise pour actionner dif- férents leviers. Le premier consiste à lisser les pointes de trafic, que ce soit dans les transports publics ou sur les routes. Ce qui nécessitera d’entamer un travail avec les pôles générateurs de déplacements (éta- blissements scolaires, entreprises, administrations...) pour étaler les heures d’entrée et de sortie. « Ce qui pourrait aussi passer par une pérennisation du télétravail». Il s’agira aussi de modifier les parts modales. C’est à ce niveau qu’entre en scène le vélo. un mode indivi- duel permettant de fait une dis- tanciation physique. « Ce mode a de beaux jours devant lui, mais il va falloir lui donner toute sa place dans les villes ». C’est notamment pour cette raison que plusieurs agglomérations ont décidé de réa- liser des aménagements tempo- raires dont l’objectif est de sécuriser ces déplacements. « Il faut essayer de prendre la place libérée par le trafic routier pour la donner aux modes actifs et aux vélos. En sa- chant qu’il y a une limite en ce sens où les distances parcourues à vélo restent limitées à une quin- zaine de kilomètres », indique Syl- vain Guillaume-Gentil. De plus, l’usage d’un deux roues n’est pas à la portée de tout le monde : no- tamment des personnes âgées, celles qui ont un problème de santé ou qui sont en situation de
handicap. une idée serait de « ré- server » les transports collectifs à ces personnes et inciter les autres à se déplacer à vélo.
Aménagements « pop up »
Reste à savoir si les aménagements destinés aux cyclistes doivent rester temporaires ou devenir définitifs. une question d’autant plus centrale que leur réalisation s’est effectuée dans une période où le trafic était quasiment à l’arrêt. « Il faut prendre du recul pour définir quels amé- nagements offrent un avantage pour la mobilité globale et pré- sentent le meilleur rapport coût/bénéfice ». Ce qui revient à supprimer les aménagements qui engendreront un effet dévastateur sur la mobilité globale et centraliser les efforts sur les autres. Mais cela nécessite d’avoir une vision globale de la mobilité, tous modes confon- dus. A ce titre, Transitec va ac- compagner la métropole de Gre- noble. Le bureau d’études va ap-
porter son assistance technique pour aider la collectivité à visualiser l’évolution des déplacements dans l’ensemble du territoire. « Bien souvent les chiffres de trafic sont un peu cloisonnés et il est difficile d’avoir une vision globale des parts modales», rappelle le directeur gé- néral. Pour avoir cet état des lieux, Transitec va combiner les comp- tages traditionnels, les données FCD (Floating car data) et mobiles de façon différenciées entre l’urbain et le périurbain. « Les agglomé- rations ont besoin d’avoir une vision multimodale des déplacement pour éviter de mettre en place des so- lutions qui nuiraient trop fortement à la mobilité ». Les espaces publics devront aussi être réaménagés afin de préserver la circulation des piétons. Distanciation physique oblige. C’est ce qu’a commencé à faire la ville de Rennes. En centre- ville, une zone de rencontre a sup- pléé la zone 30. Pour faciliter l’ac- tivité économique, les piétons peu- vent cheminer sur la chaussée où la vitesse des véhicules autorisés a été limitée à 20 km/h. Les quais nord de la Vilaine ont été réservés à la circulation des cyclistes et la rive sud sera équipée d’une piste transitoire. Le plan de circulation sera modifié dans le secteur sud gare pour faciliter les déplacements à vélo et à pieds, tout en limitant le trafic de transit. « Tous ces aménagements un peu « pop up » ont été réalisés de manière spon- tanée par les collectivités pendant le confinement. Désormais, il faut réfléchir à comment se passera la rentrée de septembre 2020 », rap- pelle Sylvain Guillaume-Gentil. z
CHRISTINE CABIRON
MobiLités MagazinE 38 - JuIN 2020 - 27