Page 45 - MOBILITES MAGAZINE N°38
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Opérateurs & réseaux
de la crise mondiale
Dans le contexte exceptionnel né de la pandémie de Covid-19 sur presque toute la planète, comment une entreprise de taille mondiale comme transdev a-t-elle géré l’arrêt progressif de toute activité dans les transports publics ? Mieux, quelle est sa stratégie en cette période de redémarrage ? eléments de réponse avec anne de bagneux, directrice stratégie et transformation.
: Quels sont les premiers enseignements que vous pouvez tirer de
cette crise mondiale ?
Anne de Bagneux : Le groupe Transdev est actif dans 17 pays, nous avons donc réellement vécu cette crise à une échelle planétaire. nous avons même, à ce jour eu à déplorer 19 décès parmi le per- sonnel de notre groupe, dont une majorité aux Etats-unis, où nos fi- liales sont actuellement les plus touchées. Avec l’arrêt progressif de la majorité de nos services un peu partout, nous avons perdu une moyenne de 88% de la fré- quentation dans tous les pays. nos employés sont donc au chô- mage partiel dans nombre de pays, et nous avons même dû avoir re- cours à des licenciements dans certains cas.
: On parle beaucoup de résilience des
entreprises en cette période, comment pourriez-vous caractériser celle de Transdev ?
AdB : Depuis trois mois, nous avons été obligés de nous adapter à de multiples situations, et il a fallu mettre en place de nouvelles façons de fonctionner en seulement quelques semaines. De prime abord, je dirais que toutes les
équipes ont su faire preuve de beaucoup de souplesses et d’une vraie cohésion. Par ailleurs, une vraie stratégie de partage des sa- voir-faire s’est installée entre les différentes équipes. A titre d’exem- ple, nous avons lancé un processus baptisé Back and Track qui a consisté à assister tous les opéra- tionnels dans la reprise d’activité.
Ce qui est important
pour un groupe comme le nôtre, c’est de se transformer à bon rythme pour rester capable d’être performant au moment du rebond.
nous avons réussi assez rapide- ment à produire un vade mecum d’une centaine de pages, appuyé d’une rendez-vous hebdomadaire, qui s’est révélé très utile. Enfin, et toujours sous la contrainte, nous avons su démontrer nos capacités en termes de gestion dynamique de nos offres de transport. Toutes ces adaptations donnent des indi-
cations quant au retour à la nor- male.
: Justement, à l’échelle française, quand
pouvez-vous imaginer une forme de retour à la
normale ?
AdB : A vrai dire, le retour se fait très progressivement depuis la fin de la période de confinement. nous suivons attentivement la fré- quentation dans nos réseaux. Ac- tuellement, elle est de 20 à 30% dans l’Hexagone, alors qu’elle at- teint déjà 70% dans des pays comme la République Tchèque ou la Suède. Quand reviendrons-nous aux niveaux d’avant la crise ? Voilà la question que tout le monde se pose aujourd’hui. Si nous nous ba- sons sur l’exemple de la Chine, qui a déconfiné depuis un certain temps déjà, force est de constater que les réseaux n’ont toujours pas retrouvé les niveaux de fréquen- tation précédents l’arrivée du Co- vid-19. Et les changement d’habi- tudes risquent de perdurer, no- tamment le recours massif au té- létravail, ou une poussée de l’usage de l’automobile.
: Quels seront selon vous les enjeux des
mois à venir ?
AdB : il semble d’ores et déjà évi- Mobilités Magazine 38 - Juin 2020 - 45
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