Page 46 - MOBILITES MAGAZINE N°38
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Opérateurs & réseaux
dent que nous nous heurterons à un problème de financement des transports collectifs. Mais ce n’est pas le seul défi qui nous attend. il va falloir d’abord accompagner les collectivités dans l’optimisation des investissements en place, recons- truire une véritable confiance avec la clientèle et donc, reconquérir l’opinion. Cela devra passer par une amélioration des services en ma- tière de confort et de sécurité. il s’agira donc de s’appuyer encore plus qu’avant sur ce que l’on nomme couramment l’expérience client.
: Quel sera le rôle de l’innovation dans ce
contexte particulier ?
AdB : il va falloir en effet mettre en application un certain nombre des expérimentations que nous avons menées un peu partout dans nos réseaux, en somme, « passer à l’échelle ». Si le passager est au cœur de toutes nos préoccupations, il va par exemple falloir se dire que nos transports en commun doivent avoir le même niveau de fluidité que les services en libre- service actuels, simples et avec une information en temps réel. il faudra aussi travailler sur les modes paiement, les systèmes de réser- vation, et le transport à la demande. Les chantiers sont nombreux.
: Cette réflexion devra-t-elle être menée
pour tous les types de réseau ?
AdB : Oui, cela est valable pour tous les réseaux, quelle que soit leur taille. Cependant, même si le risque est partout le même : que la voiture reprenne une part modale importante, il est plus important encore dans les villes moyennes. nous allons devoir être attentifs, très réactifs, et travailler à la ren- tabilité. nous avons déjà pour cela un catalogue d’outils divers qui nous permettront de répondre aux
attentes de nos autorités organi- satrices de mobilités. Wever par exemple, qui permet de dimen- sionner au mieux les offres de transport, ou Flowly, qui permet de pister les portables pour connai- tre avec une grande précision la fréquentation des services. Les AOM ont beaucoup avancé sur ces sujets et nous n’avons plus de difficultés à leur proposer ce type d’évolution.
: Pensez-vous que cette crise puisse freiner la
transition énergétique en cours ?
AdB : Clairement, il va sans doute falloir se battre pour que les diffi- cultés budgétaires ne fassent pas passer ce sujet en arrière-plan. Quoi qu’il en soit , il va aussi falloir rester humbles, car les incertitudes existent. Et si nous avons par exemple beaucoup investi dans l’électrique, nous n’avons aucune religion en la matière, car Transdev reste convaincu de la pertinence du mix-énergétique en fonction des conditions locales. Les expé- riences étrangères devront en ce sens être suivies de prêt.
: Dans le contexte actuel, Transdev serait-il
tenté de s’impliquer directement dans les micro- mobilités ?
AdB : nous n’avons pas investi dans cet univers, nous avons plutôt pris le parti d’être un intégrateur à travers nos différentes plateformes MaaS*. il est probable que nous irons plus loin un jour à travers des offres combinées. En revanche, nous avons dès maintenant l’obli- gation de réfléchir à l’évolution de la tarification, et notamment au développement des paiements à l’usage, car il est possible que cette crise marque le début du déclin du concept d’abonnement que nous connaissons aujourd’hui. il faudra concevoir des offres multi- modales et intégrées.
: Qu’en sera-t-il selon vous du
développement des véhicules autonomes ?
AdB : On le voit bien, les acteurs de l’automobiles vont beaucoup souffrir de la crise économique en gestation, donc, les investissements vont diminuer et le développement
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46 - Mobilités Magazine 38 - Juin 2020
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