Page 49 - MOBILITES MAGAZINE N°38
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  Opérateurs & réseaux
                 -terme
simplement avec nos clients afin de connaître les impacts de Covid- 19 sur leurs activités ».
Quelle approche pour l'avenir ?
Laurence Romano détaille son ana- lyse. « Dans la situation actuelle, où tous les transporteurs sont loin d’avoir retrouvé une activité, les demandes d’investissements sont encore très faibles. Elles sont ana- lysées en essayant de se projeter au-delà la situation actuelle.Les transporteurs détenteurs de mar- chés urbains ou interurbains ont le plus souvent connu une pour- suite de l’activité, quelquefois en « mode dégradé » mais ont pu être rémunérés par les donneurs d’ordre. Les transports scolaires qui n’ont pu être effectués pendant une longue période vont percevoir une compensation plus ou moins importante. Quant aux entreprises dont l’activité principale, voire unique, est liée au tourisme dans toute sa diversité, en région pari- sienne comme en province, une réelle inconnue s’ouvre à elles, avec un espoir de retour de chiffre d’affaires sûrement très progressif et pas avant de très nombreux mois. Celles-ci vont avoir besoin d’une aide bien plus conséquente pour passer cette crise. Les ap- proches clients sont donc obliga- toirement différentes selon la com- position de leur chiffre d’affaires ». Pour les constructeurs, que ce soit chez Mercedes-Benz Financial Ser- vices ou Volvo Finance, on « envi- sage de nouvelles actions com- merciales et marketing afin de soutenir la reprise d'activité ». Chez Volvo Finance, on ajoute même qu'au-delà des discussions en
cours, ces financements « seront le nerf de la guerre ».
remises en causes en vue pour les collectivités ?
Pierre Auboin analyse les consé- quences sur le plus long terme : « Il y a deux grands types de besoins pour les collectivités et les Autorités Organisatrices de Mobilité : quan- tifier l'effet rebond avec l'évolution des usages dans les transports. Typiquement, les réticences qui se font jour autour de l'utilisation des transports publics. Ce qui nous amène à la deuxième question : quels peuvent être les montages financiers pour les A.O.M afin qu'elles ne s'endettent pas trop lourdement ? Ceci est particuliè- rement sensible dans l'éventualité d'une baisse sensible du Versement Mobilités ». Quid de l'impact de Covid-19 sur les calendriers ?
« On s'apprêtait à avoir un intense dialogue post-électoral. On va na- turellement le reprendre », résume Pierre Auboin. Mais les boulever- sements politiques et institutionnels avaient déjà contribué à de grandes réflexions, rendues plus complexes par les conséquences du Covid- 19, comme l'a rappelé à plusieurs reprise l'association Régions de France.
« On a beaucoup de questionne- ments et d'impatience vis-à-vis de la Loi d'Orientation des Mobilités. En particulier de fortes attentes des régions face aux décrets d'ap- plication. Celles-ci sont impatientes de pouvoir lancer les travaux sous leur maîtrise d'ouvrage pour tout ce qui relève des réseaux TER fer- roviaires. Pour les villes et métro- poles, c'est le Forfait Mobilités Du- rable qui suscite le plus d'impa-
Laurence romano, bail actea
Pierre auboin, département infrastructures au sein de la banque des Territoires
tience. Les décrets viennent d'être publiés. Tout ceci entre en phase de transition du fait des échéances électorales. Il y a les municipales en 2020, puis les régionales en 2021. On sait qu'il y aura des vo- lontés d'annonces fortes dès que les équipes exécutives seront en place », résume Pierre Auboin. Mais tout ceci résistera-t-il face aux réalités budgétaires ? L'exem- ple du Grand Nancy et de son projet de tramway devant se subs- tituer au TVR (dont l'autorisation d'exploitation par le STRMTG est limitée à 2022) prête à réfléchir. Les médias locaux, comme France Bleu s'en inquiètent.
La crise des finances publiques pourrait remettre en cause bien des projets coûteux, qu'il s'agisse de tramways ou de migrations vers les autobus à batteries. Co- vid-19 sera-t-il un stimulant pour l'imagination des financeurs et aménageurs jusqu'à présent tentés par le conformisme de la « pensée unique » dans les transports ? Pierre Auboin esquisse une ré- ponse : « Le transport sera marqué par les questions liées au télétra- vail ». Ce qui nous amène à une question du dimensionnement des infrastructures. « Les transports sont toujours dimensionnés par les capacités aux heures de pointe. Verra-t-on, face à la baisse des flux un impact sur les investisse- ments « capacitaires » initialement programmés ? Seront-ils remis en cause par le développement du télétravail Pourra-t-on « recycler » des ressources vers des logiques d'usages et non plus vers des in- vestissements purement capaci- taires ? », conclut-il.z
JEAN-PHILIPPE PASTRE
  MobiLitéS MAgAzine 38 - JUIN 2020 - 49



















































































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