Page 35 - MOBILITES MAGAZINE N°57
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 Technologies & innovations
  retardement fiscale et politique
Côté coûts initiaux, on connaît déjà ceux résultants de l’incitation au choix de la voiture électrique, aux- quels s’ajouteraient d’autres à venir dans une période de forte montée en puissance. Mais on n’avait pas encore « planché » sur les consé- quences fiscales de ce choix pour l’État.
En effet, constate l’étude, « l’essor du véhicule électrique est suscep- tible d’entrainer une érosion des ressources fiscales alors qu’en France les taxes représentent en-
viron 60 % du prix des carburants à la pompe (avec notamment) la TICPE (Taxe Intérieure de Consom- mation sur les produits Énergé- tiques) et la TVA». Au total, le produit de ces taxes représente près de 42 Mds€ de rentrées fis- cales annuelles alors que la fiscalité qui s’attache à l’électricité est beau- coup plus faible. Dans ces condi- tions, « l’essor de la mobilité élec- trique risque d’entraîner un manque à gagner important pour la sphère publique », constatent les auteurs de l’étude.
Comment « récupérer »
des pertes fiscales de9à12Mds€paran?
Plus concrètement, « un véhicule thermique (essence ou diésel) rap- porte annuellement à l’État entre 570 et 700€ (dans les zones ur- baines) et 650 à 790€ (dans les zones rurales) alors que le même rendement fiscal d’un véhicule électrique est compris entre 140 et 150€ par an ».
Autrement dit, le remplacement du thermique par l’électrique fait perdre en moyenne à l’État entre 430 et 640 € de recette fiscale par véhicule (c’est nous qui souli- gnons, ndlr.). Compte-tenu de cette
réalité, et selon les scénarios de l’étude (soit à cinq ou à sept millions de véhicules concernés), il faudrait trouver de 9 à 12 Mds€ par an(4) pour compenser ce manque à gagner d’ici à l’horizon 2030. Une récupération de recettes qui ne peut se réaliser que par une aug- mentation importante des taxes sur l’électricité. Et c’est bien ici que se trouve le nœud essentiel du problème. Car ne taxer que l’énergie destinée aux véhicules électriques réduirait à néant leurs avantages de coût d’utilisation par rapport aux véhicules thermiques et les feraient passer même bien au- dessus.
Tandis que taxer l’ensemble de la consommation électrique n’aug- menterait que marginalement les coûts de détention (+ 11 %) et d’uti- lisation (+ 17 %) d’un véhicule élec- trique. Qui demeurerait donc tou- jours compétitif ( 5).
« Ces résultats montrent que le développement de l’électromobilité entraine des coûts trop massifs pour être supportés par les seuls utilisateurs de véhicules élec- triques », explique l’étude. Toutefois la solution de la taxation générale de l’électricité fait « basculer dans un système où la mobilité en voi- ture électrique est financée par le contribuable via sa facture d’élec- tricité ».
Ce qui, selon les calculs de l’étude, reviendrait à augmenter la facture
de chaque ménage d’environ 130 €
par an. Un surcoût en apparence
peu élevé, mais qui viendra s’ajou-
ter à bien d’autres prévisibles. Cette
fois de nature structurelle, notam- ment en raison des montants co- lossaux des investissements né- u
 Le développement du véhicule électrique durant les dix dernières années n’a pas vraiment eu d’impact sur l’usage de l’automobile qui est avant tout déterminé par des facteurs géographiques exogènes.
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