Page 51 - MOBILITES MAGAZINE N°57
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 Opérateurs & réseaux
usoire ?
peuvent varier d’un individu à l’au- tre, selon le mode de transport et même pour un même mode. Pre- nons l'exemple des transports en commun: une minute dans un véhicule bondé sera appréciée dif- féremment - et aura donc une valeur différente - d'une minute dans un véhicule vide. L'objectif de notre étude est de mesurer la valeur du temps liée au covoiturage en tant que conducteur et en tant que passager, puis de la comparer avec celle d’un déplacement en tant qu’autosoliste.
Une enquête de préférences déclarées
Afin d’estimer les valeurs du temps en covoiturage, nous avons conduit une enquête de préférences dé- clarées. Ce type d’enquête vise à mesurer la disposition des individus à payer selon les temps de trajet, le niveau de confort, de flexibilité, de fiabilité ou de sécurité. Les in- dividus participant à l’enquête sont confrontés à une succession de scénarios dans lesquels ils doivent effectuer un choix parmi plusieurs
parmi les conducteurs actuels : les réticents à abandonner l’autoso- lisme (20 % de l’échantillon), ceux qui pourraient basculer vers un au- tre mode si l’offre était disponible (35 %), ceux qui préféreraient uti- liser les transports en commun (12 %) et ceux qui sont prêts à co- voiturer en tant que conducteur uniquement (32 %).
Implications pour les politiques publiques
Pour que le covoiturage réduise les embouteillages et la pollution, il faut qu’il induise une diminution du nombre de véhicules sur le ré- seau et donc que des conducteurs actuels covoiturent en tant que passagers. Or, nos résultats et les simulations effectuées montrent que le covoitureur/passager risque d’être une ressource rare. Les pas- sagers du covoiturage pourraient provenir d'autres modes (transports publics, vélo). Dans ce cas, la mise en place de la voie de covoiturage n'entraînerait pas une diminution du nombre de véhicules.
Nous recommandons donc aux autorités publiques d’être prudentes sur l'origine modale des passagers de covoiturage. Si des incitations sont mises en place, elles devront rendre le covoiturage passager aussi attrayant que possible et cibler les conducteurs prêts à chan- ger de mode de transport. z
ALIX LE GOFF
Doctorant en sciences économiques, Université Lumière Lyon 2, Laboratoire Aménagement Economie Transports (LAET)
GUILLAUME MONCHAMBERT
Maître de conférences en économie, Université Lumière Lyon 2, LAET
Texte initialement publié dans RCHRCH N°3, le magazine de la recherche de l’Université Lumière Lyon 2 https://www.univ-lyon2.fr/recherche/magazine/rchrch-n3-hiver-2022)
  L’étude économétrique de cet
échantillon a permis d’estimer des valeurs
du temps moyennes
de 30 € par heure pour
le conducteur et de 28 € par heure pour le passager, contre 20 € par heure
pour l'autosolisme.
modes de transport. Ces choix nous permettent d’extraire de l’in- formation sur leurs préférences. Grâce à un partenariat avec l’Institut de Recherche Technologique Sys- temX et les membres du projet Lyon Covoiturage Expérimentation (Métropole de Lyon, Vinci Auto- routes, APRR et Ecov), 3 300 per- sonnes ont été interrogées. Nous avons finalement retenu un échan- tillon de 1 556 individus qui effec- tuent leurs déplacements domi- cile-travail seuls dans leur voiture dans l’aire urbaine de Lyon.
Résultats
L’étude économétrique de cet échantillon a permis d’estimer des valeurs du temps moyennes de 30 € par heure pour le conducteur et de 28 € par heure pour le pas- sager, contre 20 € par heure pour l'autosolisme. Ces valeurs suggè- rent une forte préférence pour la conduite seul dans le véhicule. Elles cachent cependant une forte hétérogénéité interindividuelle. Une analyse plus poussée nous a permis d’identifier 4 profils types
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