Page 8 - MOBILITES MAGAZINE N°57
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 A la Une
le pays couvert de 50 à 65 000 éoliennes à cette échéance, com- plété de quelque 90 parcs éoliens en mer, il a fallu revenir à la réalité. D’autant que là encore, les chiffres de production sont sans appel. Les 18 GW du moment ont en effet produit sur notre période de réfé- rence une moyenne de 3 GW, soit 1512 GWh... De fait, et à condition que le programme de construction (et d’entretien, car une éolienne n’a, au mieux, qu’une durée de vie de 20 ans...) voulu par le président soit tenu, on devrait tutoyer les 4000 GWh en 2050. Pour être com- plet, RTE comptabilise aussi 6 GW de production hydraulique, soit un peu plus de 3000 GWh, et compte doubler la production à partir de la biomasse, soit 2 GW, ce qui don- nerait quelque 1000 GWh. L’addition est ensuite simple, hors nucléaire, et avec un total de 20 GW, on disposera de 4000+4000+ 3000 + 1000 = 12000 GWh.
Il resterait donc 63 000 GWh à trou- ver pour un mois de janvier du type de celui que nous venons de vivre !
Le retour en grâce
du nucléaire
Fort de ce constat, et malgré quelques dizaines d’années d’acti- visme anti-nucléaire bien orches- tré, Emmanuel Macron, conforté par la nouvelle taxonomie de la Commission Européenne qui intè- gre le nucléaire et le gaz dans les énergies vertes, s’en est tenu au scénario RTE qu’il a choisi. Il a donc annoncé la construction de 6 EPR de deuxième génération, et le lancement d’une étude pour la construction de 8 autres réacteurs de ce type, soit précisément les 14 préconisés par RTE. Il a aussi annoncé le développement de petits réacteurs à neutrons rapides dits de 4e génération, les fameux SMR. Des réacteurs dont le pro- gramme de développement, le
Pour confronter à la réalité la belle image d’Epinal de cette transition écologique
« heureuse », il est aussi nécessaire de s’attarder sur les impacts sociaux, voire sociétaux, autant que politiques et géopolitiques du tournant électrique qui est imposé aujourd’hui en Europe.
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non moins fameux projet Astrid, avait pourtant été discrètement abandonné sur décision de l’Elysée en 2019, allez comprendre ! L’objectif affiché est ici de disposer de 25 GW de capacités nucléaires supplémentaires, qui viendraient s’ajouter aux quelque 60,5 GW actuellement disponibles à travers les 56 réacteurs dont la prolonga- tion au-delà de 50 ans sera par ailleurs étudiée. Le problème de l’âge du parc nucléaire français est d’ailleurs mathématiquement loin d’être réglé par les annonces du président. Avec plus de la moitié des réacteurs déjà vieux de plus de 30 ans, même prolongés au- delà de 50 ans, l’échéance de 2050 serait fatale à une partie non
négligeable des installations. Une perte de production qui ne sera donc pas compensée par les 14 constructions envisagées. Si l’on raisonne sur le temps long, c’est plutôt vers un plan de construction à la Messmer qu’il faudrait se tour- ner, avec la livraison de 2 réacteurs par an d’ici 2035... On en est loin. A moins qu’il ne s’agisse, en pas- sant sous silence le problème de cette obsolescence programmée, de se maintenir dans la doxa négociée avec les Verts du 50/50 entre nucléaire et production « re- nouvelable » ? Un « en même temps » de plus, lourd de consé- quences...
D’ailleurs, le programme annoncé
ne devrait pas non plus convaincre u
   





















































































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