Page 10 - MOBILITES MAGAZINE N°57
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 A la Une
 la Cour des comptes, qui a elle aussi sorti un rapport, cette fois en novembre 2021. Un document qui chiffrait de fait le besoin à 25 ou 30 nouveaux réacteurs en 2050, compte tenu notamment de l’ob- solescence de certaines des instal- lations actuelles. Plus inquiétant, ce même rapport pointait du doigt les faiblesses de la filière indus- trielle du nucléaire français, fragili- sée par 20 ans d’inertie, mais aussi les limites du budget de l’Etat (les 6 premiers EPR voulus par le pré- sident pourraient coûter 64 Mds€), et l’état des capacités financières d’EDF (engluée par une dette de plus de 40 Mds€, par le récent blo- cage des prix de l’électricité qui lui est imposé et, plus profondément, par l’application du fameux ARENH(2)). Epouser sans arrière- pensée la fée électrique nécessi- tera donc beaucoup d’opiniâtreté, d’argent magique (la récente reca- pitalisation en urgence d’EDF à hauteur de 2,1 Mds€ en est la preu- ve), et de savoir-faire spécialisé... toutes choses qui pourraient cruel- lement manquer dans l’avenir.
Le prix de l’avitaillement
Produire de l’électricité est une chose, faire en sorte que cette dernière arrive là où on en a besoin
en est une autre, puisqu’on ne sait pas, pour l’instant, la stocker. Dans cette logique, RTE, toujours lui, chiffre à minima à 33 Mds€ ses investissements d'ici à 2035, auquel il faudra ajouter 8 Mds€ pour mettre à niveau les équipe- ments les plus vieux. L’ensemble représente une augmentation de 50 % par rapport au niveau actuel. RTE indique que ces investisse- ments permettront de financer le raccordement des éoliennes en mer, l’adaptation du réseau à l'évolution du mix énergétique et le nécessaire renouvellement des infrastructures. Restera aussi à met- tre en œuvre, pour les transports, un vaste (très vaste) plan de cons- truction d’équipements de recharge. Dans un monde à la mobilité toute électrique, il faudra en effet bran- cher bus, cars, camions et auto- mobiles (sans compter les trotti- nettes, vélos, etc.) pour les faire rouler, à moins que décroissance ne se traduise aussi par immobi- lité... Une récente étude de Siemens Financial Service, publiée elle en janvier 2022, estime à 39 Mds€ d’ici 2026 le montant des investis- sements nécessaires à l’échelle européenne pour développer sérieusement le réseau de bornes de recharges, et à 6 Mds€ sur la
même période pour la France. En regard de cette évaluation, le gou- vernement français a débloqué 500 M€ en novembre dernier. Une somme qui vient s’ajouter aux 100 M€ déjà prévus pour la période 2020-2023 dans le cadre du pro- gramme « Advenir », qui visait à l’installation de 100 000 bornes dès 2021 (nous en sommes à un peu plus de 50 000...).
Une transition suffisamment subventionnée ? Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué en charge des Transports, a annoncé le 14février2022 le prochain lancement d’un appel à projets visant à accompagner les programmes d’acquisitions de vé- hicules lourds électriques, intégrant les bornes nécessaires pour les recharger.
Concernant les véhicules, il s’agira de réduire l’écart important qui existe encore en termes de coûts entre les véhicules lourds élec- triques et leurs équivalents diesel. La subvention pourra s’élever jusqu’à 65 % de ce delta, et ce, sans dépasser un plafond unitaire fixé à 100 000 € par véhicule pour
 10 - MOBILITÉS MAGAZINE 57 - MARS 2022
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