Page 16 - MOBILITES MAGAZINE N°44
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 Politiques & institutions
une quinzaine de villes. La diffé- rence, depuis la LOM, c’est cette entrée dans la danse des villes, des territoires et des entreprises.
L’entrée dans la danse
des collectivités et des entreprises
La dynamique s’appuie sur les nou- veautés de la loi. Outre l’indemnité au covoitureur, il y a le forfait mo- bilité durable intégrant le covoitu- rage. Appliqué aux fonctionnaires de l’Etat (200€ par an), il vient encore d’être étendu, le 11 décem- bre, aux deux autres fonctions pu- bliques, la territoriale et l’hospita- lière. Autorisé jusqu’à 400 € par an dans les entreprises, il produit aussi son effet. Même s’il est jugé « tel- lement faible » en regard des be- soins, notamment en Île de France par France Urbaine, l’Association des grandes métropoles.
Yann Tréméac, de l’ADEME, témoi- gne: «Voilà 4 ou 5 ans que nous organisons des Challenges de la mobilité dans toute la France. On y examine pendant deux jours avec les entreprises comment elles pour- raient changer leurs pratiques de mobilité. Elles sont de plus en plus nombreuses à participer. Avec des résultats. Un tiers des nouvelles habitudes sont conservées, no- tamment celles du covoiturage ». Autre incitatif puissant, les entre- prises, comme les collectivités qui entrent dans ces démarches, ob- tiennent des financements de leurs énergéticiens, à coup de Certificats d’économie d’énergie (CEE) .
A cette échelle de l’entreprise, tous les territoires sont touchés. Pas seulement les zones périurbaines, mais aussi les zones peu denses et rurales, également difficilement desservies par les transports publics. La LOM a été assortie d’un « com- plément opérationnel » du minis- tère des transports, baptisé France Mobilités, plateforme des acteurs de la mobilité. Depuis deux ans,
elle propose des expérimentations. « Un grand nombre de ces terri- toires peu denses choisissent de développer le covoiturage ou l’autostop organisé », indique Yves Tréméac de l’ADEME. C’est aussi vrai dans le Sud-Ardenne que dans la communauté de communes du Grand Autunois Morvan ou dans la Bretagne Romantique autour de Combourg. Avec de nouveaux ac- teurs à la manœuvre, les commu- nautés de communes. Quand elles se saisissent de la compétence mo- bilité, elles s’intéressent souvent au covoiturage, en particulier le « solidaire », l’« inclusif », quand il n’est pas voulu par les départe- ments au nom de leur compétence sociale.
« La sociabilité,
c’est fort aussi ! »
Dans ces territoires, c’est aussi, une préoccupation des entreprises qui étendent ainsi leur zone de re- crutement. « On assiste à un re- nouveau du covoiturage mais pas tant autour des pôles urbains que dans les zones peu denses, no- tamment pour l’accès à l’emploi », considère Ophélie Bigot. Elle est animatrice de l’association E’Hop, créée en 2002 dans le département de l’Ille-et-Vilaine mais qui, depuis 2018, accompagne les change- ments nécessaires au développe- ment de la plateforme publique de covoiturage Ouest-Go pour tout l’Ouest de la France. Deux Régions, Bretagne et Pays de la Loire, quatre départements, plusieurs grandes villes, 70 communautés de com- munes y adhèrent. La plateforme fournit l’extension numérique, en marque blanche, que ses adhérents glissent dans leur propre site ou dans celui de leur réseau de trans- ports : Coralie à Concarneau, Riv Covoiturage à Ploërmel, etc. « Quand on a essayé le covoitu- rage, on ne revient pas en arrière, estime Ophélie Bigot. Mais le plus
difficile, c’est le passage à l’acte. Le frein le plus puissant tient à ce que l’on associe à la voiture la li- berté individuelle. Tout de suite, c’est être seul, décider tout seul, l’idée de pouvoir chanter à tue- tête au volant. Le covoiturage c’est de la sociabilité. C’est fort aussi ».
Du déclic à l’effet boule
de neige
Les grands sites de covoiturage sont aussi à l’affût de ce déclic. « La crise sanitaire a été un élé- ment déclencheur. Le télétravail a fait prendre conscience de la « dou- leur » des trajets domicile-travail. La crainte du virus a éloigné la foule des transports publics. Le co- con du covoiturage a rassuré, re- marque Adrien Tahon, directeur de BlablaLines. Il va falloir réussir le prochain déconfinement. Conser- ver ceux qui se sont mis au co- voiturage ».
Les grèves des transports ont aussi un impact. « La moitié de ceux qui s’essaient au covoiturage s’y tien- nent parce qu’ils y gagnent en confort par rapport aux transports publics et surtout du temps, 25 mi- nutes en moyenne, en Région pa- risienne », juge Olivier Brunet, PDG de Karos. Pour provoquer un nou- veau déclic, il croit beaucoup aux futures voies réservées au covoi- turage. Elles apporteront de nou- veaux gains de temps. La LOM a justement prévu une accélération de l’Etat sur le sujet. Beaucoup
16 - MOBILITÉS MAGAZINE 44 - JANVIER 2021
  

















































































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