Page 15 - MOBILITES MAGAZINE N°44
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  déconfinement
ilya5ans»,etannonce400000 trajets par mois, hors crise sani- taire. Klaxit, 1,2 million. BlablaLines fait état de 1,5 million d’inscrits sur son site. L’alignement des zéros rassure mais ne suffit pas encore pour décrire le covoiturage de masse.
Un registre de preuve
de covoiturage
La première en 2017, la Région Ile- de-France s’est mise à verser 2 € au conducteur par trajet, avantage porté à 150€ par mois en 2019. L’opération ne rencontre le succès qu’à la faveur des grèves SNCF du printemps 2018. Le rythme de co- voiturages atteint alors les 2000 par jour. Résultat appréciable mais goutte d’eau dans les 16 millions de voyages au quotidien en Ile- de-France et contre les 250 km ordinaires de bouchon. Pourtant, le covoiturage est logé dans le pass Via Navigo et fait gagner des trajets gratuits dans les transports publics.
Sur le papier, le potentiel reste important. Tous les partisans du covoiturage en distillent les chif-
fres à l’envi : 70% des trajets do- micile-travail en France se font en voiture ; chacune d’elle transporte 1,08 passager, passer à deux ferait toucher au paradis. « Notre cœur de cible, ce sont les 18 millions d’actifs français qui se rendent en voiture à leur travail chaque jour », explique Julien Honnart, le PDG de Klaxit. Mais la « part de marché » du covoiturage frôle encore l’ep- silon: 3% en fait. L’objectif donné par la LOM est de tripler le nombre de covoiturages quotidien d’ici 2024. D’atteindre les 3 millions et de réduire ainsi d’un million le nom- bre de voitures sur les routes. Pour compter, le gouvernement a créé un Registre national de preuve de covoiturage. 567025, c’est le nombre de covoiturages recensés au dernier pic, en janvier 2020. En- suite, la crise sanitaire est passée par là. Ce nombre est tombé à 34 094 en avril, puis est remonté à 134052 en juin avec le renfort des premiers covoitureurs au long cours de l’été. En octobre, le nom- bre était encore de 67850, à la veille du re-confinement. « Le re- gistre est un outil formidable, mais il est loin de dire tout. La majorité du covoiturage reste informel. Celui qui se déroule au sein des familles, sans déclaration d’aucune sorte et celui impulsé depuis des années par les entreprises, qui se déve- loppe aujourd’hui », ajoute Yann Tréméac de l’ADEME.
Le passager prêt à payer
Son enthousiasme rejoint l’opinion de tous les acteurs du secteur : le covoiturage, même si cela ne se voit pas encore dans les chiffres, a réussi un premier décollage, mas- qué par la crise sanitaire mais qui
devrait lui survivre. « Le succès a été démontré par l’absurde. Le co- voiturage a chuté pendant les confi- nements mais moins que les trans- ports publics. Dans les territoires où il était déjà ancré, il a très bien résisté », insiste Yann Tréméac. Nantes a, comme l’Ile-de-France, opté pour les 2€ par trajet au conducteur depuis novembre 2019. La ville estime que le covoiturage s’est installé même à travers la crise sanitaire. « En novembre, nous avons enregistré 700 trajets. En décembre 600, pour la moitié du mois. La croissance se poursuit. De plus, vu que le covoiturage n’est pas gratuit, qu’il est tarifé comme un autre transport public, la preuve est apportée que les passagers sont prêts à payer. Si le service leur convient ! », note Pascal Leroy, en charge de l’innovation à la Se- mitan (Société d’Economie Mixte des Transports en commun de l’Agglomération Nantaise). La Semitan estime qu’elle aurait at- teint son objectif de 4000 voyages en 2020 sans crise sanitaire. Un chiffre qu’elle espère doubler chaque année.
« L’époque de l’évangélisation est derrière nous, analyse Olivier Bru- net, PDG et fondateur de Karos. Les gens ont effectivement adopté une nouvelle manière de se dé- placer. A nous de la généraliser. La LOM a provoqué une accéléra- tion énorme qui va nous aider à y parvenir ».
L’effet s’est déjà fait sentir en 2020. Karos aura doublé son chiffre d’affaires. La société est en contrat avec une quinzaine de territoires et une centaine d’entreprises. La progression aura été du même ordre chez Klaxit qui a signé avec
   MATTHIEU THEURIER
VP mobilités et Transports à Rennes
« Le covoiturage existant ne suffisait pas ! »
OPHÉLIE BIGO, E’Hop
« Le covoiturage va se développer dans les zones peu denses, pour accéder à l’emploi ».
MOBILITÉS MAGAZINE 44 - JANVIER 2021 - 15
 
















































































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