Page 8 - MOBILITES MAGAZINE N°59
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 ÀlaUne
  fondamentaux effectués lors des deux dernières réformes ferro- viaires de 2014 et de 2018. Parce que, selon le rapport, ces réformes reposeraient sur un modèle éco- nomique qui se trouve dans une impasse et fragiliserait le système. Cela alors que « les urgences cli- matiques nécessitent une très forte hausse de l’offre ferroviaire », af- firment en chœur les deux séna- teurs. Mais ils l’estiment difficile à mettre en œuvre à court et moyen termes dans les conditions ac- tuelles. En raison à la fois de l’état du réseau et des mécanismes ac- tuels de fonctionnement du sys- tème ferroviaire...
Le financement de SNCF Réseau, véritable « point noir » du modèle ferroviaire Les deux sénateurs pointent parti- culièrement les effets délétères d’un double mécanisme de finan- cement de SNCF Réseau dont la « situation financière est histori- quement déséquilibrée [et qui] constitue depuis des décennies le point noir du modèle économique ferroviaire ».
Le système mis en place par la dernière réforme ferroviaire repose en effet sur un mécanisme que
La France a fait le choix de ne pas proposer d’aides aux opérateurs de transport voyageurs non conventionnés. Ce qui pourrait dans l’avenir avoir une incidence négative sur la compétitivité de SNCF Voyageurs, notamment vis-à-vis
de ses futurs concurrents européens.
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les rapporteurs jugent à la fois aussi instable conjoncturellement que non pérenne. Puisqu’il repose aussi bien sur les péages — groupe SNCF intégré oblige ! — que sur les profits de SNCF Voyageurs. Puisque ces derniers sont — à hauteur de 60 % — reversés au gestionnaire d’exploitation et essentiellement... via les péages.
S’ajoute plus généralement le fait que « le cœur de métier de la SNCF reste dans une situation financière très délicate » dans la mesure où « les espoirs de retour à l’équilibre financier du groupe dépendent de filiales extérieures à son activité principale, au premier rang des- quelles Geodis et Keolis » qui se- raient avec le TGV, « l’autre poumon du système » ! Autrement dit, ce sont en quelque sorte les camions,
N Le poste de la CCR Bourgogne près de Dijon.
La mise en place des Commandes Centralisées
du Réseau a pris un sérieux
retard faute d’investissements ciblés et dédiés.
les tramways et les autobus qui sauveraient l’équilibre financier du groupe SNCF. Aussi, se séparer de ces juteuses filiales, comme la Deutsche Bahn aurait l’intention de le faire avec DB Schenker, semble- rait actuellement difficile.
Aussi les deux sénateurs jugent ce modèle comme étant fortement
en péril puisqu’il est « extrêmement vulnérable aux chocs conjoncturels
[en même temps] que sa situation financière présente des déséqui- libres structurels profonds avec une marge opérationnelle et une ca- pacité d’autofinancement toutes deux très insuffisantes pour couvrir
ses investissements ». Même si, relève le document, « la reprise
de la dette [de SNCF Réseau] par l’État doit contribuer à améliorer
sa situation en allégeant le poids u
 














































































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