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 « Est-ce tout ? lui demanda le ‘Hatam Sofer avec étonnement.
                                                                                                                                                              de Pietrokov. Avant que n’ait lieu la déportation complète de la
                                                                          commencé à gravir progressivement les différents niveaux. Mais
 émettre le moindre doute ni à proférer une seule plainte.
                                                                                                                                                              En 1942, les nazis déportèrent à Treblinka la plupart des Juifs
                                                                          d’abord placé à la tête de l’une des yéchivot du Gan Eden, et j’ai
 Le vieil homme lui confia que son père l’avait habitué à ne jamais
                                                                                                                                                              appartenait à une lignée de trente-six générations de Rabbanim.
                                                                          l’étude. Quand j’ai quitté le monde et que je suis arrivé ici, on m’a
 Il lui demanda comment il avait mérité de vivre aussi longtemps.
                                                                                                                                                            Le Rav Moché ‘Haïm Lau, Rav de la ville polonaise de Pietrokov,
                                                                          marier et d’avoir des enfants pour me consacrer uniquement à
 Le ‘Hatam Sofer rencontra un jour un Juif âgé de plus de cent ans.
                                                                          antérieure, j’étais un érudit et un tsadik, mais j’ai refusé de me
                                                                                                                                    ----------
                                                                          de fautes qu’elles ont commises précédemment. Lors d’une vie
 questionnements seront résolus.
                                                                                                            (Pné Méïr)
                                                                          bien certaines missions, et pour endurer des épreuves en raison
 quitterons  ce  monde  matériel  et  ses  limites,  que  tous  nos
                                                                          dans le monde où tu vis, les âmes sont envoyées pour mener à
                                                                                                                                                              le Paradis absolu.
 posteriori. Ce n’est qu’à la venue du Machia’h ou lorsque nous
                                                                        - Il faut que tu comprennes, lui expliqua-t-il avec douceur, que
                                                                                                                                                              le « Beth Medrash Govoha » de Lakewood, qui à ses dires, était
 Nous ne pouvons comprendre les Voies du Créateur qu’a
                                                                                                                                                            Il considérait ce monde-ci comme un  Gan Eden,  particulièrement
                                                                        - Pourquoi m’as-tu quittée si vite, Avraham ?
 Moi, mais ce qui est devant Moi, tu ne le verras point. »
                                                                                                                                                              secret de son enthousiasme.
                                                                        Elle recouvra peu à peu ses esprits et lui demanda :
 Comme le rapporte le Targoum, « Tu verras ce qui est derrière
                                                                                                                                                              jours d’un individu éloigné du monde de la Torah. Tel était le
                                                                          de te calmer.
 ne pouvait voir le Tout-Puissant que « de dos », et non « de face ».
                                                                                                                                                              jours était empli de joie et de bénédictions, et équivalait à mille
                                                                        - Oui, je suis là, lui répondit-il tendrement. Je t’en prie, essaye
 des vertueux et la réussite des méchants, il apprit qu’il
                                                                                                                                                              Parvis vaut mieux que mille dans un autre lieu ». Chacun de ses
 de Hachem, notamment en ce qui concerne la souffrance
                                                                          se dérober, elle s’appuya contre l’arbre pour ne pas tomber.
                                                                                                                                                              s’inspirant du verset des Téhilim 84 :11 : « Une journée dans tes
 orsque Moché Rabbénou voulut comprendre les Voies
                                                                        « Avraham ! murmura-t-elle dans un souffle. Sentant ses jambes
                                                                                                                                                            Comme réalisa-t-il cette prouesse ? Il traversa l’existence en
 L
                                                                          prise d’un vertige lorsqu’elle réalisa qu’il s’agissait de son époux.
                                                                                                                                                              des autres et aimait la vie.
 notre compréh ension
                                                                        Le chiour s’acheva et l’enseignant s’avança vers elle. Rachel fut
                                                                                                                                                              Respirant l’optimisme et la sérénité, il se réjouissait du bonheur
                                                                          quelques instants. Le cours est bientôt fini et vous pourrez le voir. »
                                                                                                                                                              à l’amertume et au désespoir. Or, Rav Méir était toujours joyeux.
 Les limites de
                                                                                                                                                              sa situation auraient perdu toute volonté de vivre, et auraient cédé
                                                                        Le vieil homme se tourna vers Rachel et lui dit : « Attendez ici
                                                                                                                                                            N’ayant pas de famille, il vécut entièrement seul. D’autres dans
                                                                          donnait un chiour.
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                                                                          étudiaient la Torah. Au milieu d’eux se tenait un jeune homme qui
                                                                                                                                                              liée à ses autres pathologies.
                                                                          gens vêtus de tenues resplendissantes étaient assis en rang et
                                                                                                                                                              l’âge de soixante-huit ans, emporté par une maladie nullement
                                                                                                                                                              anniversaire. Il brava toutefois ce sinistre présage et vécut jusque
                                                                          aperçut au loin un vaste champ entouré d’une clôture dorée. Des
                                                                        Ils  s’arrêtèrent  aux  pieds  d’un  grand  arbre  fruitier,  et  Rachel
                                                                                                                                                              lui  annoncèrent  qu’il  n’irait  pas  au-delà  de  son  quarantième
                                                                                                                                                            Il souffrait de tant d’affections physiques, que ses médecins
                                                                          son mari. Elle le suivit, le cœur battant la chamade.
                                                                                                                                                              mais son visage rayonnait toujours de joie.
                                                                          blanche. Il se dirigea vers elle et lui demanda si elle souhaitait voir
                                                                          un homme à la longue barbe argentée portant une tunique
                                                                                                                                                              paralysie des deux jambes. Il passa toute sa vie en fauteuil roulant,
                                                                                                                                                            Lorsque le Rav Méir Feist eut quatre ans, il fut atteint d’une
                                                                        Une jeune veuve prénommée Rachel fit un rêve, où lui apparut
                la possibilité de m’élever plus haut, car j’avais été allaité pendant                  Lorsqu’un enfant a besoin de subir une intervention chirurgicale,
                un an par une non-juive. Je fus donc renvoyé dans votre monde                        ses  parents  restent à  ses  côtés  et  lui  apportent toutes  sortes
                pour téter pendant trois ans le lait d’une femme juive, et pouvoir                   de jouets et de livres pour le distraire. Quand vient le moment
                ainsi accéder à la place qui m’était réservée ici. Voilà pourquoi je                 inéluctable,  ils  l’accompagnent  vers  la  salle  d’opération,  alors
                dus vous quitter à l’âge de trois ans pour retourner au Gan Eden.                    qu’il est allongé sur son brancard. Arrivés devant la porte, ils
                  - Mais pourquoi es-tu parti de manière si terrible ? lui demanda                   l’embrassent et le laissent entre les mains des infirmières et des
                sa mère.                                                                             médecins. L’enfant jette un coup d’œil circulaire et aperçoit des
                                                                                                     visages masqués, des blouses vertes, du matériel chirurgical et un
                  - Lorsque j’étais sur le point de quitter le monde, un terrible
                                                                                                     puissant néon braqué au-dessus de sa tête. Terrifié, il éclate en
                décret fut prononcé contre les Juifs de notre bourgade. Tous
                                                                                                     sanglots, mais voit soudain sa mère qui lui sourit à travers la vitre.
                devaient être tués, notamment toi et Abba. J’ai eu l’honneur d’être
                                                                                                     Il cesse alors de pleurer et lui sourit en retour. Rien n’a changé
                choisi pour expier les fautes de tous les habitants. J’ai ainsi sauvé
                                                                                                     autour de lui, mais sa mère veille sur lui.
                toute la ville et j’ai pu mériter de te rencontrer ici aujourd’hui. »
                                                                                                                                     (Rav Mordékhaï Pogromansky)
                  Le mari de Rachel ajouta alors :
                                                                                                                               ----------
                  « Tu as vu que toutes tes questions ont des réponses. Il y a un
                Créateur, et rien de ce qu’Il crée n’est mauvais. Je dois à présent                    Rav Yé’hezkel Levenstein avait beau avoir vécu une existence
                retourner à mon chiour. »                                                            extrêmement difficile, il confia un jour à ses étudiants : « Je ne sais
                  Toute  la  scène  disparut  soudain  comme  par  enchantement.                     pas ce que la tristesse veut dire. »
                Rachel ressentit un immense soulagement et fut enfin consolée.                       C’est une erreur de croire que les vertueux souffrent en silence ;
                    (Histoire inspirée des écrits du Rav ‘Haïm Vital, et racontée                  en réalité, ils ne considèrent pas qu’ils souffrent. Persuadés qu’ils
                                 par le Rav Yom-Tov Ehrlich)                                       ont bien davantage que ce qu’ils méritent, ils se contentent d’un
                                                                                                   seul plat, voire de la moitié d’un plat dans la cuisine de Hachem.
                                                                                                       La fille du Gaon de Vilna mourut le jour même où elle devait
                                                                                                     se marier. Cette nuit-là, la mère du Gaon de Vilna lui apparut
                                                                                                     en rêve et lui dit : « Si tu savais à quel point Hachem a apprécié
                                                                                                     que tu acceptes Son décret avec amour ! Tu aurais dansé plus
                                                                                                     joyeusement à l’enterrement de ta fille qu’à son mariage ! »
                                                                                                                                       (Kétsad Léénot VeLismoa’h)
              378   Le rôle de la réincarnation                                                                                                        SIM'HA    359
 #74233_efi-ab - 74233_pnim_efi-ab | 12 - B | 18-06-07 | 10:57:07 | SR:-- | Yellow 74233_efi-ab - 74233_pnim_efi-ab | 12 - B | 18-06-07 | 10:57:07 | SR:-- | Magenta 74233_efi-ab - 74233_pnim_efi-ab | 12 - B | 18-06-07 | 10:57:07 | SR:-- | Cyan 74233_efi-ab - 74233_pnim_efi-ab | 12 - B | 18-06-07 | 10:57:07 | SR:-- | Black   #  (Rav Tsadok HaK
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