Page 39 - AQMAT Magazine Été 2024
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  Française d’origine, employée de la multinationale Saint- Gobain depuis sept ans,
patronne canadienne maintenant depuis septembre 2022. Comment ça se passe avec nous ?
On est très heureux avec ma famille. On aime la nature, l'ou- verture d'esprit des gens, la diver-
sité de la population et la capacité à s'intéresser à l'autre. C'est un pays for- midable pour élever des enfants et un très beau pays. On apprécie également le bilinguisme, c'est agréable de pouvoir vivre en anglais et en français pour ma famille.
C'est un choc culturel impor- tant, pas tant parce que vous êtes Française, mais parce
que ces dernières années, vous étiez à Singapour.
J’y dirigeais les activités de Saint- Gobain pour Singapour, la Malaisie et l'Indonésie. C'était le même
type d'emploi, mais dans un environne- ment très différent. On ne construit pas en Asie du Sud-Est comme on construit au Canada. Donc les matériaux qu'on y fabrique et qu'on y distribue sont très différents de ce qu'on fait ici. Et puis ce sont évidemment des pays très éloi- gnés. Après, avec la constante de faire partie du groupe Saint-Gobain, d'avoir des équipes qui partagent les mêmes valeurs dans le monde entier, c'est quelque chose que j'apprécie, quelle que soit la géographie.
Je me demande si ce n'est pas un lien à faire entre votre pre- mière passion, l'histoire. Vous
êtes même allée en Allemagne pour l’étudier un peu plus. Saint-Gobain, c’est justement chargé d’histoire!
Je pense que j'ai besoin que les entreprises ou les institutions pour lesquelles je travaille aient
un sens, une histoire et des racines. La capacité de se projeter à long terme est également essentielle. C'était le cas pour l'administration française et c'est le cas pour Saint-Gobain. On a été créé en 1665. On a fabriqué les miroirs qui sont toujours vus aujourd'hui par des mil- lions de gens chaque année au Château de Versailles, une prouesse technologique à l'époque.
Et c'était aussi un monde où il y avait déjà de la concur- rence puisque la France se
battait dans cette industrie nouvelle contre ce qu'on appelait à l'époque la République de Venise. Donc déjà, il y avait la concurrence c'est quelque chose qui vous anime aussi.
Ce qui m'anime, c'est que j'ai eu l'opportunité, avec Saint- Gobain, dans tous les environne-
ments où j'ai été, en France, en Asie, au Canada, d'avoir des concurrents qui investissent, qui sont également des entre- prises tout à fait respectables. Ce que j'aime chez Saint-Gobain, c'est qu'on a la possibilité d'investir pour le long terme. On a la possibilité d’investir sur des sujets comme le développement durable par exemple. On le fait parfois avant même que nos clients ne le demandent et on garde une longueur d'avance sur des sujets qui sont importants pour nos clients, pour leur croissance future et pour les environne- ments dans lesquels on opère.
Ce qui vous a amené à ce poste, ce ne sont pas seule- ment les connaissances
en histoire, mais aussi un passage en politique et une maîtrise en Science Politique. Vous n'avez pas travaillé pour n'importe qui : le ministre de l'industrie, de l'éco- nomie et du numérique, à l'époque, il s'appelait Emmanuel Macron. Alors, ça, ça a joué aussi dans l'intérêt de Saint-Gobain pour vous, mais aussi votre intérêt pour cette entreprise.
C'est un parcours qui est assez classique en France de commencer sa carrière dans l'administration
et de rejoindre une entreprise. Cela peut paraître un peu étonnant vu du Canada, mais j'ai beaucoup appris à travailler avec Emmanuel Macron. Nous avons essayé à l'époque de réduire les barrières pour que les entreprises puissent croître. J'ai fait un Master de sciences politiques, j'ai aussi fait un Master en finances et stratégie. J'ai toujours balancé entre les deux.
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