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 Richard Darveau s'est rendu à Victoriaville pour y rencontrer le PDG de Vicwest,
Paul Lobb. L'entretien s'est déroulé majoritai- rement en anglais, dont voici la traduction.
Durant cette décennie, est-ce qu’il y a des moments particulièrement importants ?
Il y a eu plusieurs jalons importants. Nous avons connu différents propriétaires et en 2015, nous avons été achetés par Kingspan. Ce fut un changement très positif pas seu-
lement pour moi, pour l’organisation en termes de recapitalisa- tion, de réactivation et d’engagement.
Toute entreprise est influencée par la personnalité de son leader. Qu’est-ce qui caractérise Vicwest sous votre leadership ?
Au fil du temps, mon expérience a toujours été que le leadership consiste à s’engager auprès de vos employés et à les écouter. Nous avons un bel héritage ; nos connais-
sances commerciales et notre passion dominent tous les aspects de notre entreprise : de la conception à l’ingénierie en passant par les ventes. Vous devez connaître les valeurs de votre organi- sation et les incarner. Tout tourne autour des gens.
Vous êtes un judoka de renom, même un maître sensei. La pratique de cet art martial colore-t-elle votre façon de diriger l’entreprise ?
Question intéressante, personne ne me l’a posée. Le judo est la voie douce ; il s’agit de travailler à travers les choses. Il y a ce qu’on appelle le judo économique. Vous devez
comprendre ce que fait votre adversaire, vous devez comprendre que son mouvement dicte la façon dont vous avancez, reculez ou vous vous ajustez. Et ce n’est pas différent quand on parle de notre compétition; nous devons comprendre leurs forces et leurs faiblesses. Je pense que le sensei en moi me donne un certain équilibre pour comprendre que les gens/organisation vont dans des directions différentes. Ils ont des forces et des faiblesses et ce n’est pas pour les manipuler, c’est pour les exploiter afin de propulser l’organisation vers l’avant. Cela ne fait pas de mal non plus de savoir comment accuser une chute.
Malgré votre agenda de PDG, trouvez-vous encore du temps pour rester en forme ?
Je pense qu’il est important de trouver le temps, de prendre soin de soi et de sa santé, physiquement et mentalement. Vous devez rester en forme pour fonc-
tionner efficacement dans le monde d’aujourd’hui et être en mesure de faire face au stress et aux angoisses des personnes qui travaillent pour vous et avec vous.
Vous trouvez aussi une manière de vous engager socialement dans plusieurs organisations, notam- ment l’Institut canadien de construction d’acier qui
regroupe les constructeurs de toitures en acier.
L’industrie de l’acier est aujourd’hui une composante majeure du secteur de la construction au Canada. Les produits de formage à froid constituent un segment
important de ce secteur. Il est essentiel que les grands acteurs du secteur s’y engagent et établissent des normes et des standards. J’ai adhéré à cela il y a près de 10 ans et j’estime qu’il est essentiel de veiller à faire avancer la construction en acier au Canada. Il existe un certain nombre d’autres substrats qui sont en concurrence dans le même espace que nous ; vous avez des codes nationaux du bâtiment auxquels vous devez vous conformer; vous avez des produits importés dont la qualité est déficiente. Il est donc important de veiller à demeurer à l’avant-garde de la construction. Il est donc préférable que je m’implique et que notre voix soit entendue.
Quels sont les défis particuliers auxquels est confrontée l’industrie de l’acier et en particulier le secteur de la toiture d’acier ?
Au premier plan, et nous en faisons tous l’expérience, il y a la pénurie de main-d’œuvre qui touche particulièrement les métiers spécialisés. Nous observons un manque
de personnel dans toutes les facettes de l’industrie sidérurgique, de la fabrication à l’approvisionnement, en passant par l’installa- tion. Le développement durable devient certainement plus impor- tant, car les entreprises sont plus conscientes du type de bâti- ment qu’elles veulent, comme des bâtiments LEED ou des bâtiments socialement responsables.
Il faut parler de la pression du mouvement écolo- gique. Il y a des tempêtes comme jamais, des vents plus violents, plus fréquents, il y a de la grêle. Est-ce
que la toiture d’acier par rapport aux autres compétiteurs est bien positionnée dans ce nouvel environnement ?
La toiture en acier est extrêmement bien positionnée pour faire face aux enjeux environnementaux. Les tempêtes et le vent représentent des défis pour plusieurs produits qui
sont utilisés pour les toits, mais ce n’est pas le cas avec le métal qui ne nécessite aucun entretien et qui est ignifuge. Le métal a beaucoup à offrir en termes de protection contre le climat, au niveau de la durabilité et de la protection de l’environnement.
Le facteur transport est devenu très important, notamment parce que le prix de l’essence est élevé et parce que les flottes de transport se font rares.
Comment est-ce que vous vous débrouillez face à cette nouvelle situation ?
Le fret et le transport sont des enjeux universels : c’est un problème de chaîne d’approvisionnement qui touche toute l’Amérique du Nord. L’un des principaux éléments
de service que nous offrons à nos clients, c’est le fait que nous avons notre propre flotte de camions. Nous sommes donc en mesure de gérer cet enjeu sans être exposés aux contraintes logistiques. Par rapport à l’inflation et au prix du diesel, nous devons gérer cela du mieux que nous pouvons. Nous essayons de contrôler au maximum nos coûts.
Est ce que les gouvernements font assez pour supporter, pour encourager, l’industrie manufactu- rière au Canada ?
À mon avis, le gouvernement tient à la réussite de l’industrie manufacturière au Canada et comprend que c’est essentiel pour l’économie. Quant au secteur de la
 40 HIVER 2022 • AQMAT MAGAZINE
Entrevue présidentielle


































































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