Page 10 - AQMAT_Magazine_2023_automne
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 S'attaquer à la crise
du logement
en trois temps
D'abord, s'assurer que tout Québécois ait un toit. Un simple toit. Point.
Ensuite, améliorer la qualité du parc immobilier tout en préservant que tout citoyen possède les moyens de se loger convenablement.
Enfin, réunir des conditions gagnantes pour qu'un plus grand nombre devienne propriétaire.
C'est dans cet ordre, et non l'ordre contraire, qu'une société dite évoluée et distante de la barbarie d'autrefois devrait penser et agir.
Mais ce n'est pas ce qui se passe.
O n focalise d'abord notre énergie sur les statistiques d'accès à la propriété en déplorant la plupart du temps que le ratio locataires/propriétaires soit plus élevé au
Québec qu'ailleurs au Canada. Puis on s'investit en lobbying pour forcer les gouvernements à faciliter l'achat d'une maison par la classe qui a assez d'argent pour quitter le statut de locataire. En douce, on établit un rapport entre statut social et propriété résidentielle au point de stigmatiser le locataire comme un paria.
Des centaines de milliers de familles québécoises vivent sinon dans des taudis, du moins dans des conditions où le confort et la sécurité indignes d'un pays riche
Les sommes dépensées pour aider les plus riches à accéder
à la propriété nous distraient de la nécessité de s'attaquer à la vétusté des logements existants; cette priorisation a pour effet que des centaines de milliers de familles québécoises vivent sinon dans des taudis, du moins dans des conditions où le confort et la sécurité indignes d'un pays aussi riche que le nôtre ne sont pas présentes.
Il y a pire conséquence, que j'illustrerai en trois chiffres froids :
- au moins 200 000 Canadiens dorment dehors au cours d’une année donnée ;
- on dénombre au Québec plus de 10 000 itinérants à temps plein ;
- jusqu’à 1,3 million de Canadiens a vécu l’itinérance ou une situation de logement extrêmement instable au cours des cinq dernières années ;
- on estime que trois personnes peuvent être considérées comme des sans-abri cachés pour chaque personne sans-abri qu'on récence dans les statistiques.
Ai-je besoin de rappeler que ce pays c'est longtemps l'hiver ?
Je préside l'AQMAT et je veux bien être bon joueur auprès de nos collègues des associations de constructeurs de maisons pour que les chantiers reprennent et que ceux et celles de la classe moyenne qui en ont les moyens jouissent de leur propre propriété. C'est mon cas, je fais partie de cette classe.
Mais de grâce, même nous au patronat, soyons solidaires des pauvres et des mal-lotis dont l'existence devrait nous envoyer en plein visage notre propre faillite comme société.
10 AUTOMNE 2023 • AQMAT MAGAZINE
 Le mot du président
 











































































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