Page 48 - AQMAT_Magazine_2023_automne
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    Sujet chaud
  « Notre objectif est de conserver une diversité commerciale, mais l’intelligence d’affaires, c’est ce qui manque, affirme Sébastien Ridoin, directeur général par intérim de l’Association des sociétés de développement commercial de Montréal. Nous n’avons pas les données brutes qui nous permettraient d’identifier
les enjeux liés à la rentabilité des commerces
et d’analyser les impacts réels de la piétonnisation sur les commerces, mais on travaille fort pour avoir ces données économiques. »
La piétonnisation et nos marchands
La piétonnisation saisonnière des artères commerciales se généralise dans plusieurs municipalités du Québec. Outre quelques irritants, les sondages confirment que la mesure fait le bonheur des passants, des cyclistes, des touristes et d’une majorité de commerçants.
Cependant, une enquête de l’AQMAT révèle que pour nos marchands dont le commerce a pignon sur rue interdite à la circulation automobile, la piétonnisation semble les desservir. La majorité des répondants estime que la piétonnisation a un impact négatif sur l’achalandage, sur le chiffre d’affaires, sur la facture moyenne et sur l’attraction de nouveaux clients.
Au point où certains disent craindre pour la survie de leur com- merce : « Être privé des mois les plus rentables de l’année risque d’avoir un impact sur la pérennité de l’entreprise; il se pourrait qu’il n’y ait plus de quincaillerie dans mon quartier d’ici cinq ans. »
À Montréal, les dirigeants des différentes Sociétés de déve- loppement commercial (SDC) semblent tous conscients des impacts mitigés de la piétonnisation sur les commerces de des- tination et cherchent des solutions aux irritants soulevés par les commerçants.
du territoire, le volet culturel et événementiel, l’enjeu environne- mental.Cesprojetssemultiplientparcequ’ilsrépondentauxbesoins de consommateurs. »
Pour le DG de la SDC Wellington à Verdun, Patrick Mainville, il est impératif de trouver des solutions pour aider les commerces comme les quincailleries. «Mais à un moment donné, c’est pos- sible que certains en arrivent à la conclusion que la situation sur la rue ne correspond plus à leur modèle d’affaires et que leur commerce doit s’installer ailleurs. »
Ceci fait réagir Richard Darveau, président de l’AQMAT : « Si les commerces dits de destination que sont par exemple les quincail- leries de quartier ne sont plus les bienvenus parce que c’est sexy d’avoir des terrasses et de se promener à pied au milieu des rues quand on visite une ville, ce qui est 100 % vrai, que va-t-il arriver avec l’objectif de densifier nos villes ? »
Le porte-parole de l’AQMAT renchérit: «Une ville ne devrait pas d’abord répondre aux désirs des touristes, mais des besoins de ses résidents. Or, un des avantages d’habiter la ville plutôt que la banlieue ou un rang de village, c’est de pouvoir accéder plus efficacement aux commerces qu’on fréquente en récurrence comme l’épicerie, la pharmacie, l’alimentation pour animaux, etc. Et bien sûr la quincaillerie. »
Un résident qui doit stationner par exemple à 500 mètres d’un commerce où il doit acheter un bien lourd ou encombrant va certainement opter pour celui qui a un stationnement adjacent et délaisser celui de la rue commerciale si celle-ci est fermée.
On a appris que plusieurs voix influentes poussent pour que la rue Wellington ferme pour devenir piétonnière toute l'année. Benoit Lavigne de la Quincaillerie De Lorimier réagit à la nou- velle : « Je vais commencer à avoir très peur pour ma quincaillerie et pour mes employés, même si je ne suis pas le propriétaire ni situé dans cet arrondissement. Il précise être conscient qu'il faille s'adapter aux changements - climatique et autres - mais les prévisions de ventes pour le futur seront insuffisantes pour qu'on ne songe pas à d'autres alternatives que d'opérer une quincail- lerie dans ce secteur très en demande pour l'immobilier. »
Baisse significative du chiffre d’affaires
Pour Benoit Lavigne, directeur de la Quincaillerie RONA de Lorimier, située sur la rue Mont-Royal Est qui est piétonnisée de juin à septembre, le constat est clair: le chiffre d’affaires de sa quincaillerie où travaillent une vingtaine de personnes est en baisse de 12 à 15 % depuis la fermeture de la rue.
 M. Ridoin rappelle du même souffle qu’il n’y a pas que les retombées économiques à considérer; les autres variables d’importance sont «le citoyen, la volonté d’appropriation
48 AUTOMNE 2023 • AQMAT MAGAZINE
















































































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