Page 49 - AQMAT_Magazine_2023_automne
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  D’abord conseiller-vendeur puis directeur
du magasin, Benoit Lavigne est un fervent adepte du transport actif et du transport en commun.
Il constate la vie qu’apporte la piétonnisation
de l’avenue du Mont-Royal Est. Mais il déplore
les dommages sur la population locale
et sur ses affaires.
  «Fermer une rue commerciale aux voitures semble favoriser la nature, les vélos, la marche et la santé. Mais en réalité, dans un quartier, si les clients ne peuvent se déplacer facilement vers un commerce, ils vont aller ailleurs, même s’il faut prendre la voiture. La fermeture de la rue Mont-Royal Est favorise les bars et les restaurants. Mais combien de temps notre commerce pourra-t-il survivre ? »
Delphine Grégoire, propriétaire de la Quincaillerie J. R. Grégoire sous bannière BMR, située sur la rue Ontario à Montréal, fermée à la circulation automobile pendant la saison estivale, est aux prises avec le même dilemme. Son chiffre d’affaires de l’été 2022 a fondu de 25% à 30% par rapport à la même période en 2019, année de référence choisie pour ne pas considérer les états financiers fous durant la COVID-19.
Mme Grégoire déplore que la volonté de redonner la rue aux piétons ne soit pas soutenue par une planification stratégique. «Où sont les études d’impact, la réflexion en termes de viabilité économique? Où est l’analyse de la réalité commerciale du quartier et des besoins des gens qui y résident? Quelle est la trame commerciale privilégiée par l’arrondissement ? »
Pour Christian Savard, directeur général de Vivre en ville, un organisme qui accompagne les leaders municipaux dans leur projet de revitalisation de rues commerciales, le déficit se situe au niveau de l’urbanisme commercial, une respon- sabilité municipale. «Dans nos municipalités, on fait face à un manque de finesse et de connaissances en matière d’ur- banisme commercial. On laisse libre-cours aux acteurs qui, par exemple, souhaitent ouvrir de nouvelles zones commerciales sans penser à l’impact sur les commerces déjà en place. »
Christian Savard est d’avis que sur une rue principale ou sur une artère commerciale traditionnelle, il est essentiel de trouver un équilibre, de maintenir le bon mix commercial et de créer une ambiance intéressante et attractive. Mais il admet que c’est tout un défi à cause du peu de concertation des nombreux acteurs impliqués.
« Les centres d’achat, par exemple, contrôlent 100 % de leur mix commercial; il contrôle l’ambiance et la musique et une foule d’autres aspects alors que sur une rue principale, c’est une diversité d’acteurs qui interviennent. Ces acteurs n’agissent pas nécessairement en cohérence et donc ils ont parfois des intérêts divergents. »
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    Sujet chaud
Delphine Grégoire, fière marchand-propriétaire de quatrième génération, s’est sentie flouée quand les consultations sur la piétonnisation se sont déroulées sans qu’elle soit avisée que
le projet allait toucher la section de la rue Ontario Est qu’elle occupe.
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