Page 53 - AQMAT_Magazine_2023_automne
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    Sujet chaud
 Le dirigeant
de l’organisme Vivre
en ville, Christian Savard, recommande aux promoteurs de projet
de piétonnisation de tout mettre en œuvre pour assurer un bon mix commercial et même d’en faire une obsession, car parfois la piétonni- sation représente un trop gros risque et mieux vaut envisager d’autres mesures.
 Les marchands Benoit Lavigne, Delphine Grégoire
et Dominique Bélanger ont beau être sous bannières différentes et compter des nombres de pieds carrés
et d’employés très différents l’un de l’autre, ils sont tous d’accord sur un point avec le président de l’AQMAT, Richard Darveau : plusieurs rues commerciales traditionnelles sont à risque de devenir des rues
où c’est l’offre de restaurants et de bars qui va primer sur les services à la population, ce qui n’incitera aucun citoyen à revenir habiter la ville.
 Richard Darveau croit opportun de poser la question aux clients des commerces de destination, pas une question bébête du genre: «Aimez-vous marcher au milieu d’une rue quand il fait beau?» Qui dira non? La vraie question, c’est: «Êtes-vous tou- jours pour que votre rue commerciale soit piétonnisée si votre quincaillerie, votre épicerie, votre pharmacie sont remplacées par des bars et qu’elle devient plus fréquentée par des touristes que par vos voisins ? »
  Les quincailleries, essentielles et stratégiques
C’est en faisant une place aux commerces stratégiques qu’une rue devient résiliente, rappelle le dirigeant de Vivre en ville.
« Il faut faire attention aux commerces comme les quincailleries ; c’est très important d’avoir sa petite quincaillerie de quartier à proximité. Il faut trouver des moyens pour accommoder ce type de commerces qui sont, rappelons-le, stratégiques sur une rue commerciale au même titre que l’épicerie ou la pharmacie. »
«Une rue, c’est un écosystème et c’est la biodiversité qui rend un écosystème fort et riche. Parfois la piétonnisation ne contribue pas au développement d’une biodiversité commerciale forte. Même si d’emblée notre organisme est favorable à la piétonni- sation, parfois on recommande aux dirigeants des villes et des villages qu’on accompagne de trouver une solution plus adé- quate, » conclut M. Savard.
Irritants et pistes de solution
Les commerçants qui ont répondu à notre enquête estiment que la piétonnisation complique la livraison de marchandises par les four- nisseurs et limite la capacité de cueillette des marchandises par les clients. Ils proposent les solutions suivantes : d’abord et avant tout, limiter la fermeture de la rue aux fins de semaine, mais aussi réduire le nombre de semaines de fermeture et permettre l’accès aux camions de livraison des fournisseurs.
On souligne, par ailleurs, que les mesures de mitigation mises en place par les promoteurs ne règlent pas tout.
Parmi les commentaires reçus : « On me propose un service de livraison à vélo peu adapté à mes besoins. Et on me dit qu’il y a des places de stationnement à proximité, mais cela n’empêche pas que les gens ont l’impression que la rue est inaccessible. »
Par ailleurs, la majorité des répondants estime que le débat sur la piétonnisation est très polarisé et qu’il est difficile de faire entendre le point du quincailler sans crainte de représailles.
Notons également que les répondants déplorent le fait qu’ils sont peu ou pas consultés par les promoteurs de projets de piétonnisation et que même s’ils expriment leur désaccord, leur opinion n’est pas prise en compte.
Commentaire reçu : «Malgré le fait que j’ai participé à plusieurs ren- contres, la décision est idéologique et politique. Les commerçants qui sont contre le projet ou qui ont des réserves n’ont pas été écoutés. »
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