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    Sujet chaud
 Le directeur général
de la SDC Promenade Masson estime que
le manque de données concrètes autour
de la piétonnisation empêche le consensus
et contribue à la division. Par exemple, sur
le CA de la SDC, 50% des marchands sont pour
la fermeture de la rue Masson, 30 % sont hésitants, mais enclins
à dire non et 20%
sont contre.
 Patrick Mainville, directeur général de la Société
de développement commercial de la rue Wellington dans le nouveau quartier branché de Griffintown,
se montre conscient et sensible face aux effets d’une transfiguration physique comme ce que représente la piétonnisation.
Piétonnisation : où sont en effet les études d’impact ?
Dans le quartier Rosemont–Petite-Patrie à Montréal, la rue Masson est une artère commerciale majeure qui regroupe plus de 150 commerces. Les commerçants membres du conseil d’administration de la SDC ont refusé cette année de fermer la rue à la circulation; ils s’inquiètent des retombées économiques négatives à long terme.
«
Si on souhaite piétonniser une artère commerciale, on doit avoir une étude sur les retombées économiques pour les commerçants. Et cette donnée on ne l’a pas, déplore
susceptible de bénéficier de retombées économiques positives de la piétonnisation. »
Patrick Legault, directeur général de la SDC Hochelaga-Maisonneuve qui opérationnalise la fermeture des rues Ontario et Sainte-Catherine de juin à septembre, est d’accord. « On est conscient que s’il n’y a que des restaurants ou des bars, ce n’est pas l’idéal; la rue Ontario est considérée comme une artère en santé, car elle offre encore un bon mélange de toutes sortes de commerces et pour nous c’est important. »
Préserver cette diversité est un réel défi pour les promoteurs, car l’équilibre naturel est fragilisé par la piétonnisation, comme l’explique Patrick Mainville de la SDC Wellington.
«L’offre sur la rue Wellington est, en ce moment, équilibrée. Mais la piétonnisation a eu pour effet d’augmenter l’offre de restaurants et de bars. Nous sommes peut-être sur le point de pivoter et de perdre l’ADN de la rue Wellington pour devenir une destination d’expérience plutôt qu’une rue destinée aux achats essentiels. Notre stratégie est de conserver la diversité particulière de la rue Wellington. »
le directeur général la SDC Promenade Masson, Kheir Djaghri. Les seules informations qui existent sont celles qui démontrent que la piétonnisation c’est profitable pour les bars, les restaurants et les cafés. On ignore quel est l’impact économique pour les autres types de commerce : bijouteries, quincailleries, lunetteries,...»
«Si une quincaillerie doit, au bout de la quatrième année de piétonnisation, fermer son commerce pour cause de non-rentabilité, il sera remplacé par un commerce de bouche. Des artères de restauration, ça attire des touristes, mais ça tue la vie locale d’une rue commerciale de proximité où on doit trouver un peu de tout. C’est dans la diversité qu’on voit la vitalité d’une rue commerciale. »
Pour information, l’artère Masson est en santé avec 2% seule- ment de locaux à combler et pour lesquels une liste d’attente de prospects se battent pour obtenir une place d’affaires, cela au bonheur des propriétaires.
La diversité commerciale, la clé du succès
La diversité commerciale est essentielle au succès d’une rue piétonnisée. Des recherches citées par l’organisme Vivre en ville indiquent que la «rue présentant une mixité d’activités et une offre commerciale diversifiée, en son sein ou à proximité, est plus
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