Page 15 - AQMAT Magazine Été 2021
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Quant aux prix, pour nombre de commodités comme le bois, ils fluctuent au jour le jour. Comme l’essence. Par exemple, l’acétone a augmenté de 50 % entre décembre et avril. Ceci nuit à la fixation de contrats à long terme et à prix fixe. Voilà le genre de compo- sants stratégiques qui nous rend vulnérables quand, par exemple, le Texas et la Louisiane sont frappés par une vague de froid.
Le cas du titane a aussi été évoqué. L’un des participants a mentionné qu’autrefois, on extrayait cet élément chimique aux fins de l’incorporer à la peinture et lui conférer des propriétés mécaniques de qualité, notamment sur le plan de la résistance. Nous n’avons apparemment pas su protéger nos usines en ce domaine avec comme conséquence que les marques connues de peinture doivent importer le titane pour offrir aux consommateurs des enduits de qualité.
L’État ne peut tirer dans tous les sens et tous conviennent que le Québec ne peut viser l’autarcie. Mais du même souffle, il semble y avoir une volonté pour les acteurs de l’écosystème de la construction d’identifier des ingrédients névralgiques et d’encourager leur fabrication au Québec ou dans les alentours.
À noter que la question de la dépendance de notre industrie sera également abordée lors du séminaire à l’horaire le 20 octobre prochain. La nécessaire révision des relations entre les bannières et leurs fournisseurs sera alors abordée, phénomène qui bous- cule d’ailleurs en ce moment même le secteur alimentaire.
Un exemple de la quasi-disparition du secteur pétrochimique local, le géant Celanese a longtemps produit des polymères, dont le for- maldéhyde, ici, à Boucherville. Mais a fermé son usine en 2004. Et trois ans plus tard, fermait aussi son usine d’acétate en Ontario.
À quelles conditions peut-on arriver à établir une relation
de confiance entre les scieries et les centres de rénovation ?
« Pendant quinze ans, il y a eu, en  général, trop de bois sur le marché  par rapport à la demande. Les  détaillants et leurs groupements  se sont habitués à nous appeler à  la dernière minute pour nous dire :  « Ça me prend une van de bois  dans trois jours. » Parce que dans  cinq jours, c’était jugé comme trop  long. Là, arrive une surdemande,  mais plusieurs acheteurs ont  encore cette manie de demander  du bois à la dernière minute. »
Pour illustrer l’ampleur de la demande, de 2009 à 2012, aux États-Unis, on construisait en moyenne moins de 500000 maisons unifamiliales par année alors qu’aujourd’hui, la cadence est de l’ordre de 1,8 million d’unifamiliales par année. Et cette demande va aller en s’accroissant en raison de la relance économique post-COVID-19 que les États, tous paliers confondus, veulent stimuler.
En sous-question, un participant a demandé si on pouvait aug- menter l’offre avec plus de droits de coupe du bois. Il faut savoir que les forêts publiques sont exploitées à 95%, donc la marge de croissance est mince si on tient à ne pas entamer le capital forestier. Il y a cependant du développement de marché possible du côté des quelque 130 000 propriétaires de forêts privées dont à peine le quart d’entre eux participent à l’économie des maté- riaux, la plupart se contentant de fournir du bois de chauffage.
L’un des participants se dit convaincu qu’on peut faire des coupes protégeant la biodiversité et les propriétés privées. Il y aurait donc aussi de l’éducation à faire du côté des propriétaires de forêts privées qui ont le préjugé de croire que leurs terres seront envahies par de la grosse machinerie qui va tout raser sans organisation ni respect.
«Notre scierie a des contrats négociés à long terme avec certains marchands, dont les prix sont basés sur des publications reconnues, avec des volumes engagés. Et mensuels. Ces détaillants vont sécuriser ainsi une partie de leur approvisionnement, le tout basé sur un prix qui va fluctuer dans le temps. »
«Les centres de rénovation et les acheteurs dans les groupements doivent apprendre à ne plus acheter que dans les creux de la vague, car ceci fait qu’ils ne voudront pas s’engager dans le long terme. Ils ont un comportement opportuniste qui peut les servir ponctuel- lement, mais qui est nuisible à l’instauration de relations d’affaires stables. »
«Une scierie ne peut pas attendre que le téléphone sonne et cumuler de l’inventaire. Par exemple, si on part une production de 2×4, l’objectif est que ces pièces restent dans la cour le moins longtemps possible. Pour y parvenir, on mise sur des contrats à long terme, déjà réservés avec des clients loyaux. »
Le cost-plus peut-il exister au lieu d’être à la merci d’un marché quasi boursier ? À cette question, l’un des participants a répondu que l’offre et la demande ont toujours prévalu ; à moins de mettre sur pied un système de gestion comme pour les œufs, la volaille et les produits laitiers, on demeurera tributaires du marché.
Des clauses d’indexation ont toutefois dû s’ajouter aux contrats entre entrepreneurs en construction et clients. C’est impopulaire, mais les «contracteurs» n’ont pas d’autres choix que de se protéger.
Il y a des solutions qui relèvent de l’industrie elle-même, devenir de meilleurs acheteurs pour espérer pouvoir compter sur nos fournisseurs, par exemple. Mais il faut aussi regarder en direction du gouvernement pour lui demander un coup de pouce.
Une récente enquête conduite par l’AQMAT indiquait que huit quincailliers sur dix souhaitent une intervention de l’État.
Plusieurs intervenants ont dénoncé le manque de valorisation du bois. Les exigences des gouvernements sont perçues trop minimales ou plutôt inadéquates, plus dictées par les impératifs de l’exportation que pour épouser les besoins de l’industrie d’ici en matériaux transformés.
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