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Actualité
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le côté financier et non la durabilité, soulève la designer membre de l’APDIQ. Souvent les comparables ne sont pas sur les mêmes niveaux. Un produit durable va être plus économique à long terme », défend-t-elle.
Opportunisme
Si l’achat local est en pleine effervescence, ce n’est pas en raison d’un soudain élan d’affection pour la patrie.
«On constate une certaine volonté [à acheter local], mais quand on commence à toucher à l’argument du portefeuille, toute cette bonne volonté s’essouffle assez rapidement, remarque le vice- président de Rocheleau. C’est un peu dommage, parce que nous en tant qu’importateur et distributeur, on aimerait développer plus la compagnie avec les partenaires locaux », ajoute M. Barth.
D’autant plus que certains ont une mission sociale, comme la réinsertion de personnes en difficulté. « Tout ça a un impact, car ce sont des produits qui coûtent plus cher et le consommateur n’est pas forcément enclin à payer plus », précise M. Barth.
La forte demande pour le local, c’est d’abord et avant tout par opportunisme croit Gilles Dumoulin, directeur général d’Altex.
« On voit en effet une demande accrue des détaillants pour les pro- duits locaux, révèle-t-il. Cependant, la plus grande partie de l’achat local actuel est à mon avis de l’opportunisme. C’est-à-dire que soudainement quand on a des délais de livraison qui s’étendent sur plusieurs mois, on commence à s’intéresser à l’achat local parce qu’on va les avoir plus rapidement », explique-t-il.
Le même phénomène se produit en raison des prix de produits locaux qui deviennent inopinément plus abordables. Avec l’explo- sion des coûts de transport, l’écart entre l’achat local et l’achat importé est amoindri.
Est-ce là pour durer ?
Sachant que cette tendance à vouloir des produits faits au Québec tient surtout aux délais de livraison déraisonnables et aux prix trop élevés, est-ce que cette tendance est appelée à durer dans le temps ?
«Nous, on pense que non, estime M. Dumoulin. À tout le moins pas pour les produits d’entrée de gamme. En revanche, pour les produits de gamme supérieure, je pense qu’il va y avoir un effet durable parce que l’écart de prix quand tu ajoutes de la valeur est moindre », nuance-t-il.
Des employés jalousement retenus
Un enjeu quant à la fabrication locale est sans doute la main- d’œuvre qui se raréfie. En corolaire, on observe certaines entre- prises faire des pieds et des mains pour simplement conserver leurs employés qui se font courtiser de part et d’autre par les entreprises rivales.
« Chez Rocheleau, tous nos emplois sont pourvus, mais les entre- prises autour de nous deviennent de plus en plus agressives pour venir chercher nos employés, dévoile M. Barth. Pour contrer ça, on est obligé de venir rehausser nos salaires. »
Il s’agit en effet d’un aspect social plutôt positif pour les employés, mais tout cela engendre des frais supplémentaires. «Nos coûts de fonctionnement sont plus importants, avance-t-il. Cela se répercute par des hausses de prix du côté des clients malheureusement. »
 Guillaume Barth, vice-président chez Rocheleau, voit les entreprises rivales essayer de lui soutirer ses meilleurs employés en raison du manque de main d’œuvre.
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