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 Ne pas pouvoir
louer ni acheter
une propriété devrait
être inacceptable
Rien de pire pour une société qu’une crise qui perdure. On s’y habitue. On ne la voit plus.
On n’y réagit plus. On la banalise. Elle devient
la nouvelle normalité. Un tel fatalisme est en train de se produire avec la difficulté non seulement d’acquérir une maison, mais même de trouver
un logement décent et abordable à louer.
Au Québec, on est effectivement réputés mous. On tolère trop.
C’est pour cela que les attentes à l’urgence ne se réduisent pas, que la promesse d’un médecin de famille par citoyen n’arrive pas, que la lutte au réchauffement planétaire est constamment reportée, que l’école à deux vitesses demeure subventionnée en double, que les nids de poule printaniers continuent d’être colmatés en surface, que nos combats demeurent trop timides pour enrayer l’itinérance, le décrochage scolaire, la pauvreté, etc.
Un tel fatalisme, provoquant d’abord du cynisme, puis un gros bof collectif, ne doit pas arriver avec le logement. Pourquoi? Parce qu’avoir un toit devrait être aussi automatique dans un pays riche comme le nôtre que de pouvoir étudier, travailler, se nourrir et être soigné.
Or, on est en train d’accepter que nos gouvernements promettent, sans livrer, d’aider les plus démunis à trouver un toit et d’accompagner les nouvelles générations pour qu’elles acquièrent une propriété.
Et pourtant la crise
du logement au Québec ne constitue rien de moins qu’une urgence sociale
et économique.
Mettons ici en lumière les implications profondes et les coûts associés à cette crise qui ébranle les fondements mêmes de notre société.
Un étau social se resserre
Le logement, au-delà d’un toit physique, représente la stabilité et la dignité. Les impacts sociaux du non-accès à un logement abordable et sécuritaire sont profonds: familles déplacées, jeunes adultes contraints de rester chez leurs parents, aînés aux revenus fixes obligés de choisir entre médicaments et loyer, sans compter les néo-Québécois qui se heurtent à une barrière supplémentaire dans leur processus d'intégration.
Les conséquences s’étendent des performances scolaires des enfants, perturbées par l’instabilité résidentielle, à la santé mentale des citoyens, constamment sous la pression financière. La crise du logement, nourrissant l'isolement et les inégalités, vient saper les efforts d'inclusion et de cohésion sociale qui sont au cœur de notre identité québécoise.
Une ombre sur l'économie et les finances publiques
Économiquement, les répercussions sont tout aussi inquiétantes.
Le marché immobilier, tendu, devient un frein à la mobilité de la main-d’œuvre.
Comment attirer des talents dans des régions où se loger est un casse-tête? L’effet domino se poursuit avec des contrats perdus par manque de capacité de production, entravant non
  10 PRINTEMPS 2024 • AQMAT MAGAZINE
 Le mot de la direction
 









































































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