Page 35 - AQMAT magazine Hiver 2020
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 L’effondrement de l’économie et les perturbations causées par la COviD-19 ont eu des conséquences sur le secteur privé dans son ensemble, causant un affaissement de celui-ci.
Le discours protectionniste prend de l’am- pleur dans plusieurs nations et groupes de nations. L’empreinte économique des exportations étant significative pour le Québec, l’accès plus difficile aux mar- chés étrangers pourrait limiter le nombre d’occasions de croissance à l’international.
La chute de la demande internationale est visible dans le déclin des exportations québécoises (baisse de 13 % depuis 2019). Certaines filières sont en « mode rattrapage », alors que d’autres sont en déclin marqué. Cette situation touche non seulement les entreprises, mais l’éco- nomie dans son ensemble, compte tenu de la dépendance aux exportations pour la création de valeur.
Alors que les gouvernements ont joué un rôle significatif sur le plan des finances (p. ex.: CUeC et autres mesures de secours aux entreprises) et de l’emploi (p. ex. : PCU, subvention salariale...), l’incapacité (sauf exception) de soutenir
les entreprises par le biais des marchés publics empêche le gouvernent (demande publique) de compenser au moins en partie les effets de la chute de la demande privée.
Pourtant, les marchés potentiels sont élevés, qu’il s’agisse des ministères (p. ex. : Transport, Santé), des sociétés d’État (p.ex. : hydro-Québec) et des muni- cipalités. Cette faiblesse systémique au Québec est documentée depuis plusieurs années, et son importance stratégique est révélée dans le cadre de cette étude, quelle que soit la filière industrielle.
La diminution des annonces d’investisse- ments industriels privés est importante et a été de l’ordre de 40% et 70% au cours des derniers mois par rapport à 2019. On constate une certaine remontée depuis le creux d’avril 2020, mais les niveaux demeurent bien en deçà des niveaux de 2019, et ce, dans un contexte ou l’inves- tissement industriel au Québec présente une faiblesse persistante depuis plus de 10 ans.
Les conséquences de la pandémie sur la chaîne d’approvisionnement et la gestion des inventaires manufacturiers ont eu des incidences sur le fonds de roulement
de plusieurs manufacturiers. De plus, la situation financière fragilisée combinée au manque de gestion de risques a eu des conséquences.
Les risques associés à l’allongement des chaînes d’approvisionnement : ces lon- gues chaînes qui passent par différentes régions du monde, et qui brisent à partir du moment où il y a une perturbation. On subit alors de longs délais, des retards. Que ce soit des fluctuations boursières, des crises politiques, des crises sanitaires, ça peut créer des enjeux. La régionalisa- tion d’une partie de nos fournisseurs, l’achat de proximité, est une façon de dimi- nuer ces risques.
Le manque de maturité technologique : le retard en productivité, la résistance de plusieurs industriels à investir dans l’automatisation et la robotisation, dans la révision des méthodes traditionnelles de travail, ça reste un enjeu, une leçon de la crise.
Une conscience croissante de la dimen- sion environnementale et sociétale, une pratique en vogue avant la COviD-19 et qui va se poursuivre même après la crise.
 Dossier
Du Juste-à-temps au Juste-au-cas
Cinq grandes vulnérabilités nuisibles à la relance
     • Enjeux d’accès aux marchés
• Exportations québécoises en mode rattrapage pour les produits les plus dynamiques, en déclin marqué
pour les autres
• Difficulté des gouvernements d’activer le levier des marchés publics au bénéfice des entreprises (ex.: rigidité des systèmes d’approvisionnement incluant une déconnection avec le tissu industriel québécois)
• Chute généralisée de l’investissement au Québec et dans le monde
• Fonds de roulement des entreprises sous respirateur
• Pas de retour au statu quo; nécessité d’un repositionnement
• Recherche active sur les nouvelles occasions et une plus grande ouverture à la collaboration
• Marchés traditionnels semi-paralysés
Déstructuration du secteur privé
Retour du rouge dans les bilans et nécessité de réinvestissements
• Incidence de la COVID-19 (courantes ou appréhendées) sur les capacités financières des entreprises
• Potentiel de cas de relève ou de transfert d’entreprises
• Pénurie persistante de main-d’oeuvre
attribuable à la démographie et au désintérêt des nouveaux travailleurs pour le secteur de la fabrication
• Persistance des obstacles
à l’automatisation (p. ex.: difficulté
du calcul du ROI, capacité financière...)
• Attitude ambivalente face à l’investissement privé et au risque
• Mise en place des protocoles sanitaires • Double crise du marché américain :
enjeu d’accès et de baisse du dynamisme
• Révélation de l’importance et de la vulnérabilité du transport de marchandises
• Trous structurels dans l’écosystème productif québécois
  Urgence de réorientation stratégique
des entreprises
5
vulnérabilités nuisibles
à la relance
Crises sur la ligne
de production (RH et autres coûts directs)
   Vulnérabilité de la
chaîne manufacturière (transport et partenaires étrangers)
hiver 2020   AQMAT MAgAzine 35
  


















































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