Page 169 - C:\Users\karine\Documents\Flip PDF Professional\PRESS BOOK 2018_OPT RD Francia
P. 169
GQ
Pays : France Date : N 121 / 2018
Périodicité : Mensuel Page de l'article : p.69-75
OJD : 92609 Journaliste : Fabrice Tassel
Page 5/7
du nom d'un heros de l'île) toutes les
marques cubaines. Plusieurs grandes fa-
milles s'exilent alors vers New York (comme
celle de Ramon Cifuentes, le créateur du
Partagas, un des cubains les plus fumés
productrices s'exilent (i New York, Miami. dans le cubaine est et encore très la puissante,
monde)
commu-
où
Miami,
nauté
ou encore vers la République dominicaine.
« Ces familles ont dit : "C'est ma marque,
fondée par ma famille, pas question qu'elle
appartienne au parti communiste" », ex-
plique Guillaume Tesson, l'un des meilleurs
spécialistes français du secteur. Les exilés
cubains, par exemple les Quesada, com-
mencent à produire en République domi-
Un des points de vente
de la compagnie Arturo nicaine, leur savoir-faire contribuant à
Fuente à Tampa, en Floride. améliorer rapidement la production locale.
UN HABILE « YALTA »
es années plus tard, lorsque le mar-
ché se mondialise, des familles choi-
sissent de revendre les droits de leurs
marques à des groupes internationaux
D (lire encadré p 78), au prix de procès
dont certains sont toujours en cours (une
guerre similaire a lieu autour du rhum cubain
entre Bacardi et Havana Club, codétenu par
l'Etat cubain et Pernod Ricard). Le groupe
britannique Imperial Brands a ainsi racheté
50 % de Habanos S.A. (enjomt-venture avec
l'Etat cubain), ce qui lui a permis d'acquérir
des marques cubaines même s'il ne peut les
vendre qu'aux Etats-Unis en raison de l'em-
bargo sur Cuba. Le Scandmavian Tobacco
Group, un des autres géants du secteur, a
lui aussi un pied à Cuba via le rachat à des
familles cubâmes d'un portfolio de marques,
et un autre en République dominicaine.
La preuve de ce double jeu dans le sud de
la République dominicaine, à La Romana. Au
bord d'une route banale se dresse la Taba-
calera de Garcia, la plus grande usine au
monde avec 600 millions de cigares produits
par an, dont 40 millions « hecho a manu »
(roulés à la mam). Cinq mille personnes y
travaillent dans une atmosphère humide et
puissamment odorante, dont mille rouleurs
et rouleuses capables de « sortir «jusqu'à
400 pièces par jour. Une salle abrite 5 mil-
lions de cigares destinés à vieillir, d'une va-
leur de 40 millions de dollars. A l'entrée de
l'usine, qui appartient à Imperial Brands,
une grande banderole affiche les logos
de Romeo y Julieta, H. Upmann et Monte-
cnsto, trois des marques cubaines parmi
les plus anciennes et les plus célèbres. Dans
la salle de préparation des colis s'alignent
Tous droits réservés à l'éditeur DOMINICAINE 0509064500506