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   CAUSES D’INTERVENTION DES SAUVETEURS POUR DES PÊCHEURS
   338 AU TOTAL EN 2018
  Avarie de moteur
 146
  Hélice engagée
  79
  Avarie de barre
  20
 Évacuation sanitaire
    18
  Échouement
  17
 Homme à la mer
   15
 Voie d’eau
    12
  Explosion - Feu
  9
 Chavirement
    7
  Autres
   15
  Source : SNSM.
dans la houle. Les chaluts peuvent crocher au fond. Ces risques s’accroissent avec l’âge des bateaux (voir plus haut). En effet, on a tendance à vouloir ajouter des équipements lourds sur une coque ancienne. Mais ils concernent aussi les bateaux modernes. Sur son thonier de 90 mètres, Alain Dervout sait qu’il faut songer à arrêter la pêche quand la tempête monte au-delà des 30-35 nœuds. Ce sont des bateaux avec du poids dans les hauts qui se mettent en travers à la lame pendant la manœuvre de l’énorme senne (filet), qui, à elle seule, pèse 90 tonnes.
Pour éviter ce genre d’accident, des aides existent. Arnaud Gayrin, le président de la station de Royan, ancien pêcheur, évoque toutes les sécurités pos- sibles sur les treuils (débrayages automatiques). Le BEA mer recommande aussi de s’intéresser à des logiciels pas forcément ruineux qui permettent de suivre les mouvements du bateau et d’alerter sur les situations critiques.
TROP DE DROGUE À BORD
Il faut bien en parler. Les pêcheurs étaient réputés trop gros buveurs. L’alcool n’est plus autant l’ennemi du marin. « Maintenant, les équipages s’auto régulent », estime Alain Dervout. Ce n’est plus trop un souci pour le capitaine. On ne peut pas en dire autant de la drogue. On en parlait à mots couverts. C’est devenu un problème de santé publique et de sécurité tout à fait officiel. On peut consulter sur internet une étude du pôle santé Bretagne en partenariat avec le comité des pêches.
Les pêcheurs gagnent suffisamment bien leur vie pour la risquer en se droguant. Les rythmes de travail sont tels qu’il est tentant de chercher un réconfort ou un stimulant pour tenir. Conséquence évidente, l’augmentation du risque des accidents déjà évoqués : chute à la mer, blessures, etc. Les marins qui ont recours aux stupéfiants sont assez bien identifiés. Les débarquer ? Ne pas les enrôler dans l’équipage ? C’est parfois difficile dans un métier qui manque de bras.
Conclusion générale ? On ne peut que souscrire à l’interpellation du président de l’IMP : « Les princi- paux acteurs de leur sécurité sont les marins pêcheurs eux-mêmes. » Avec une mention particulière pour les armateurs et patrons, au moins en partie responsables des bateaux trop vieux, mal entretenus, et du temps qu’on ne prend pas assez pour réparer ou adapter. Rien ne remplace l’œil du patron perpétuellement en alerte, comme le dit Arnaud Gayrin. « Ce qui tue, c’est l’habitude qui endort la vigilance », dit aussi Alain Dervout. Vigilance d’autant plus indispensable que l’accident grave, « c’est souvent celui qui ne s’est pas encore produit », constate Alain.
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  DOSSIER




































































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