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    Janvier 2018. Incendie et naufrage d’un chalutier. Pas de victime.
Le Petit RC, un bateau en bois de 19 mètres datait de 1977, une époque où la réglementation imposait des moyens d’extinction limités, et pas de détection automatique. Si le feu n’est pas découvert à temps, la lutte n’est pas possible, explique le BEA mer. Heureusement que le patron a pu atteindre son portable pour appeler les secours ce jour-là au large de Sète. La fumée envahissait déjà la passerelle et interdisait l’accès à la radio.
Février 2018. Deux disparus dans le naufrage d’un vieux chalutier.
Le Black Pearl est un petit chalutier de 11,70 m en bois, vieux de cinquante ans. On lui a ajouté des équipements lourds sur le pont et il n’est autorisé à pêcher qu’en dessous de force 6, près de la côte. Naufrage brutal par bonne météo à 20 milles au large de Royan. Chavirement ? Panneau mal fermé sur le pont ? Personne ne revient pour raconter.
Mars 2018. Un bateau détruit par le feu. Pas de victime.
Le coquillier Camalea est un navire en polyester de 18 mètres construit en 1980. Le détecteur de fumée n’a peut-être pas fonctionné, ou n’était peut-être pas branché. Quand
le patron se rend compte qu’il y a le feu, ce jour-là au large de Saint-Valery-en-Caux, la fumée et les flammes sont telles qu’il ne reste plus qu’à évacuer.
Juillet 2018. Un homme à la mer ne pourra pas être ranimé.
À bord du palangrier Saint-André dans l’océan Indien. C’est un bateau récent (2009) de 56 mètres. Vingt-huit marins à bord. Paquet de mer sur l’avant alors que quatre hommes tentent de réparer un panneau. Le gilet de sauvetage d’un matelot indonésien de 28 ans ne se gonfle pas quand il tombe à l’eau. Il semble que des gilets déjà déclenchés par des paquets de mer étaient stockés pliés avec les autres. L’entretien des gilets prévu à l’escale n’avait pas pu avoir lieu.
Août 2018. Bras droit amputé sur un jeune marin.
À bord de L’Étendard près du goulet de Brest. Un cordage s’est emmêlé sur la poupée du treuil. Navire ancien en bois (1959, 15 mètres), pas beaucoup de place, pas de recul au poste de travail près du treuil, pas d’arrêt à distance. Il a fallu que le mécanicien entende les cris pour qu’il arrête le treuil.
       de sécurité pour lui : « L’œil du patron qui surveille et anticipe en permanence l’accident possible. » Philippe s’est cassé la jambe à cause d’une impru- dence, il y a quelques mois, sur un thonier de l’île d’Yeu. Hôpital, complications... Très mauvais souve- nir. L’été dernier, il était patron d’un petit bateau de Concarneau sur lequel on pêche à deux. Il n’hésite pas à manquer un ou deux jours de pêche pour faire reprendre ce qui ne va pas dans la sécurité du navire : tableau électrique, pompes, etc. Alors que trop souvent la sécurité passe au second plan parce qu’on n’a pas le temps. Il faut que le bateau tourne, le poisson est là, il faut y aller. On verra plus tard.
PREMIER OBJECTIF :
MOINS D’HOMMES À LA MER
Comment progresser encore en sécurité ? En com- mençant par la première cause d’accidents graves : la chute à la mer. 35 % des décès de pêcheurs entre 2010 et 2017 ! Les plaquettes et vidéos de l’IMP sont très bien faites, nourries d’observations concrètes. Quatre mots-clés : éviter, flotter, localiser, récupérer (voir aussi le dossier « Homme à la mer » dans Sauvetage no 140).
ÉVITER, c’est repérer toutes les situations à bord où un matelot risque d’avoir à se pencher, à monter sur quelque chose. C’est du temps passé pour le patron et son équipage, mais il est irremplaçable. « Vous êtes les premiers acteurs de votre sécurité », dit le président de l’IMP, Philippe Castel. S’il est impossible de ne pas se mettre en risque, un harnais peut être la solution. Certains investissements améliorent aussi la sécurité. Par exemple, les « vire-casiers », qui remontent auto- matiquement les casiers à bord, évitent d’avoir à se pencher par-dessus le bastingage pour les attraper.
FLOTTER, LOCALISER quand on est tombé à la mer c’est, comme pour la plaisance, le port du gilet de sauvetage, plus l’éventuelle balise de localisation par satellite ou par VHF. À compter du 1er janvier, ces dernières deviennent obligatoires pour les pêcheurs naviguant seuls à bord. Elles permettent aux bateaux voisins de localiser l’homme à la mer. Le port du gilet
sauve très régulièrement des vies, y compris en cas de naufrage soudain. Il est plus risqué de ne pas en porter que de s’accrocher avec ou d’être agacé par des déclenchements intempestifs en cas de coup de mer. Enfin, comme nous l’avons déjà souligné pour la plaisance, remonter à bord n’est pas évident, même quand on flotte et qu’on a été repéré. D’où l’intérêt des divers matériels testés et démontrés par l’IMP pour RÉCUPÉRER un homme à la mer.
LE DIFFICILE PROBLÈME DU TRAVAIL DE PONT
Quand on voit des vidéos de filage ou de remontée d’un chalut par grosse mer ou de drague de la coquille Saint-Jacques à toute vitesse pour en remonter le maximum pendant les quelques heures autorisées, on se demande comment il n’y a pas plus d’accidents. La menace est partout. Une soudure qui lâche,
    Le Black Pearl avant son naufrage : l’excès de poids dans les hauts, sur une coque ancienne en bois, explique peut-être le chavirement fatal.
très résumés, quelques-uns qui donnent une idée de l’accidentologie des pêcheurs. Pour plus d’information : http://www.bea-mer.developpement-durable.gouv.fr
WWW.SNSM.ORG 21
 ©Gérard Jalaudin - Bateau Fecamp.fr











































































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