Page 22 - SNSM-MAG 150
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  La vedette de sauvetage du Tréport remorque un bateau de pêche. Imaginons la même panne par mauvais temps et grosse mer, près de la côte...
LE « BOLÉRO » CONTESTÉ
Le règlement est même parfois contesté. Pour assurer une flottabilité minimale en cas de chute à la mer, les pêcheurs ont adopté le « boléro », gilet sans manches avec un doublage qui assure un peu de flot- tabilité, coupe le vent et tient chaud. Il n’est plus réglementaire. On leur impose le gilet
gonflable. Même les plus convaincus de la sécurité grognent : « C’est pas fait pour notre métier. On va s’accrocher partout ». Le combat va être rude.
Souvent hélas, on devient plus prudent à la suite d’un accident dont on a été victime ou témoin. Arnaud Gayrin, ancien pêcheur, patron pêcheur et armateur, aujourd’hui
président de la station SNSM de Royan- Côte de Beauté, a eu la « chance » d’avoir un accident alors qu’il était jeune : un coup de drague à coquilles en acier sur la tête, parce que le patron a lâché un peu trop vite la manette du treuil. Cette pénible expérience l’a sensibilisé à la sécurité et à la respon- sabilité du chef de bord. Premier facteur
   L’accidentologie des pêcheurs
Le BEA mer se saisit régulièrement de divers sinistres qui lui semblent intéressants à analyser pour en tirer des retours d’expérience. En voici,
 20 SAUVETAGE #150
   Juin 2017. Câbles emmêlés. Un blessé.
À 46 ans, il venait d’embarquer sur le Scaramouche, un chalutier en bois de 15 mètres construit en 1987. Les « funes », les câbles en acier qui tirent le chalut sous l’eau, se sont emmêlées. Les matelots s’approchent. L’une d’entre elles se dégage brusquement. Elle plaque le matelot contre le portique en acier. Le patron manœuvre rapidement pour le dégager, mais la blessure est sérieuse. Il faut évacuer par hélicoptère.
Octobre 2017. Chavirement et naufrage. Pas de victime.
Le Petite Fanny est un tout petit chalutier pêche arrière de 9,50 m construit en bois en 1981. Au large de La Turballe, le chalut est tellement alourdi par la vase qu’il n’arrive ni à le « laver » en le traînant, ni à le relever. En tentant ces manœuvres, il chavire brutalement. Heureusement, le gilet de sauvetage était porté en permanence par les deux hommes à bord. Un autre navire de pêche les aperçoit. Sinon, la balise satellite EPIRB qui se déclenche automatiquement aurait alerté le CROSS un quart d’heure plus tard.
Octobre 2017. Naufrage d’un vieux bateau en bois. Pas de victime.
Le Matelico, 15,75 m, avait été construit en 1977. Arrivés sur zone de pêche au large de Fécamp, les cinq hommes d’équipage constatent que l’eau monte partout et qu’il n’y a plus rien à faire. Heureusement, il y avait les gilets de sauvetage, le canot gonflable, et un autre bateau de pêche proche.
Novembre 2017. Incendie et naufrage du Porz Streilehen. Pas de victime. C’est un bateau en bois de 15,50 m, construit en 1986, perdu par beau temps en baie d’Audierne. Le chalumeau oxyacétylénique qu’on n’arrivait pas à allumer pour couper les manilles tordues sur le train de pêche prend feu tout seul et enflamme tout un stock de caisses en polystyrène. Les fumées noires ont compliqué l’évacuation.
Janvier 2018. Homme à la mer seul. Un mort.
C’est le sémaphore qui a été alerté par le comportement bizarre du Belle Époque, un bateau de pêche au casier, en bois, de 9,70 m, au large de Barfleur. Le corps du patron a été retrouvé un mois plus tard. Il était seul à bord et les pavois de ce bateau de 1984 n’avaient pas été rehaussés à la hauteur minimale réglementaire.
     ©Ulterior portus photos
















































































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