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 26 SAUVETAGE #150
De gauche à droite, Jacques, le papa, Arnaud, Marie-Yvonne, la maman et Raoul qui a repris avec son frère jumeau l’Enfant des Flots.
LES LE MOIGNE,
Une vraie famille de mer
Quarante ans d’engagement à la station SNSM de Saint-Guénolé pour Jacques, la médaille du Mérite maritime pour son épouse Marie-Yvonne :
les Le Moigne sont l’exemple même du courage et du dévouement.
Par BERNARD RUBINSTEIN
Dans le chenal du port de Saint-Guénolé, Marie- Yvonne et Jacques l’ont toute de suite reconnu. Avec sa coque blanche, son pavois rouge, ses deux
cygnes dessinés de part et d’autre de l’étrave, sa sil- houette élégante, le doute n’était plus permis. C’était bien L’Enfant des flots qui se préparait à accoster au quai du port de Saint-Guénolé.
Il leur faudra attendre pour juger de la pêche du jour pratiquée au chalut par Arnaud et Raoul, leurs deux garçons, des jumeaux de quarante-quatre ans. Mais qu’elle soit bonne ou moins bonne, Yvonne et Jacques étaient prêts à leur donner leur coup de main quo- tidien. Jacques à la petite grue conçue pour monter les caisses de poissons depuis le pont jusqu’au quai ; Marie-Yvonne au chariot pour transporter les caisses jusqu’à l’intérieur de la criée.
AU SERVICE DES AUTRES
Sur le port, il faut bien reconnaître que les Le Moigne sont un peu comme chez eux depuis que Jacques, à l’âge de seize ans, découvrait le métier de marin pêcheur sur le Volga, un chalutier polyvalent de 15,50 m
au côté du patron Jean-Paul Nédélec. « Il m’a beaucoup appris, reconnaît aujourd’hui Jacques. On en bavait, mais il y avait du résultat, d’autant qu’on naviguait depuis l’île de Man jusqu’à Lisbonne. C’était vraiment bien. » C’est d’ailleurs à cette époque, il y a près de quarante ans, que Jacques s’engage à la SNSM de Saint-Guénolé comme canotier à bord du canot Capitaine de vaisseau Richard, une vedette de 14 mètres construite en 1952 auchantierdel’Estérel.L’annéeexacte?1975oupeut- être 1976, il ne s’en souvient plus. Qu’importe ! Pour ce fils de marin pêcheur, il était naturel de se mettre au service des autres. Tout comme il était naturel – voire évident – qu’après la mise hors service du Capitaine de vaisseau Richard, il poursuive son engagement en 1995 sur le Prince d’Eckmühl, un canot tous temps sorti du chantier Bernard de Locmiquélic.
TROP DE RESPONSABILITÉ
À bord, on lui a souvent demandé d’assurer le poste de patron. Lui a préféré rester à sa place. Il était arrivé canotier, il l’est resté. «C’était trop de respon- sabilité. Et je n’étais pas suffisamment disponible pour
  PORTRAIT DE SAUVETEUR
©Bernard Rubinstein


















































































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