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Depuis plus de quarante ans, Jacques Le Moigne est canotier à la SNSM de Penmarc’h. Pour l’occasion, il pose sur le Prince d’Eckmühl, le SNS 83, aux côtés de son épouse.
©Bernard Rubinstein
PORTRAIT DE SAUVETEUR
répondre présent à toutes les interven- tions. Souvent, je débarquais du canot de sauvetage au petit matin pour rembarquer sur mon bateau. »
Car de matelot sur le Volga, Serge change de statut pour acquérir son premier bateau, L’Espoir, long de 8,50 m, pour pêcher à la palangre et au filet. Il le gardera dix ans, avant de le rempla- cer en 1985 par une unité plus grande, L’Enfant des flots. L’hiver, par les furies de temps qui rendent dangereux les abords de Penmarc’h, il le base à Loctudy, avant de rejoindre à la belle saison le port de Saint-Guénolé.
TROP DE RESPONSABILITÉ
À bord, on lui a souvent demandé d’as- surer le poste de patron. Lui a préféré rester à sa place. Il était arrivé canotier, il l’est resté. « C’était trop de responsa- bilité. Et je n’étais pas suffisamment disponible pour répondre présent à toutes les interventions. Souvent, je débarquais du canot de sauvetage au petit matin pour rembarquer sur mon bateau. »
Car de matelot sur le Volga, Serge change de statut pour acquérir son premier bateau, L’Espoir, long de 8,50 m, pour pêcher à la palangre et au filet. Il va le garder dix ans, avant de le remplacer en 1985 par une unité plus grande, L’Enfant des flots. L’hiver, par les
« Qu’il pleuve ou
furies de temps qui rendent dangereux les abords de Penmarc’h, il le base à Loctudy, avant de rejoindre à la belle saison le port de Saint-Guénolé.
MÈRE COURAGE
Quant à son épouse Marie-Yvonne, 65 ans aujourd’hui, fille d’agriculteur, elle ne s’imaginait pas quitter le plancher des vaches. Élever ses deux garçons, gérer les problèmes d’armement de son mari, occuper à Plonéour-Lanvern les fonctions de secrétaire comptable... Ses journées sont bien remplies. Si ce n’est qu’à l’image de Jacques, elle s’engage elle aussi à la SNSM. Pas sur le canot, non, mais comme béné- vole à terre, lors des fêtes organisées à Saint-Guénolé. Marie-Yvonne, c’est par certains côtés mère courage. Pas du genre à se plaindre ou à se lamenter, ni à se mettre en avant. Mais encore plus incroyable, elle va prendre la mer sur le premier Enfant des flots, puis sur le second lancé à Brest en 2006 par le chantier du Guip. Dans le monde mari- time, on la regarde d’un drôle d’air. C’est la seule femme marin pêcheur au chalut dans le quartier du Guilvinec !
CAPITAINE 200
Mieux encore, une mère de famille qui n’hésite pas à s’arrêter durant trois mois pour suivre les cours de capitaine 200 à Douarnenez. « À quarante ans, se retrou- ver au milieu d’une vingtaine de garçons n’était vraiment pas évident. Je décou- vrais un monde qui m’était étranger. Il m’a fallu tout apprendre : l’utilisation de la règle Cras, la navigation, l’hydraulique. Et chaque soir en rentrant à la maison, me mettre à étudier après avoir préparé le dîner de la famille. »
Diplôme en poche, c’est comme matelot puis comme patron qu’elle embarque aux côtés de Jacques sur L’Enfant des flots. Qu’il pleuve ou qu’il vente, hiver comme été, elle ne réfléchit pas quand il faut se lever sur les coups de 4 heures pour appareiller avant de faire route vers les îles des Glénan pour y mouiller les filets, à tutoyer la roche. Au cha- lut, si Jacques est à la barre, elle ne rechigne pas à manœuvrer les panneaux de 150 kg. Même le jour de Noël, elle est sur le pont au côté de Jacques. « Lui
qu’il vente, hiver comme été, elle ne réfléchit pas quand il faut se lever pour appareiller. »
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