Page 7 - André Deymonaz - 2016 ©atelierrean
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« Les pins penchés » Carqueiranne Tahiti Mooréa Chantal et André
Depuis mon enfance
, j’ai toujours eu entre les J’ai peint par intermittence pendant les années qui ont suivi,
mains un crayon qui me permettait de jouer, et de coucher sur le jusqu’à l’adolescence des enfants, période à laquelle je retrouve plus
papier les choses qui amusent un gamin. Je dessinais des bateaux, de temps pour me consacrer à la peinture.
des voitures, des personnages, et j’avais ainsi la possibilité de Je n’avais pas l’ambition d’en faire un métier, cela n’était même
matérialiser mes envies et d’explorer mon imaginaire. J’adorais aussi pas imaginable, c’était un passe-temps qui me permettait de
illustrer les récitations, et, ces dessins restent d’ailleurs plus présents rencontrer des personnes qui partageaient la même passion.
dans ma mémoire que les textes qui les accompagnaient.
Je vendais régulièrement une toile et je sentais quand même que
Mes parents, par contre, étaient réticents devant cette passion mon travail suscitait l’intérêt d’une partie du public.
naissante pour le dessin. Ils m’auraient préféré en premier de la En mars 1986, invité par la ville de Voiron, je fais ma première
classe. Je les pardonne volontiers car il faut reconnaître que j’étais grande exposition personnelle qui a eu du succès, à tel point que
le dernier né de cinq garçons, tous animés par la même passion des galeries de renom s’intéressent à mon travail. Je vis alors en
dévorante pour le dessin.
plein rêve mais n’ose encore y croire, il me semble impossible
Mais à qui la faute ? Et bien mon père ! C’était lui notre d’imaginer que le fait de m’amuser en peignant puisse prendre une
exemple, lui qui peignait pendant ses moments de repos. Lui qui telle importance. Je commence à envisager d’en faire un métier,
faisait souvent don de ses toiles à la kermesse de l’école. C’est ainsi mais les mêmes doutes reviennent à chaque fois : c’est trop fragile,
que j’ai baigné dans ce milieu et trouvé dans le dessin, mon premier ça ne durera pas, on ne peut pas vivre d’une passion.
moyen d’expression.
Je mène ma vie d’opticien et ma vie d’artiste en parallèle, mais
Faire l’artiste
Bien plus tard, une vie professionnelle dans l’optique lunetterie cela devient difficile pour moi et ceux qui m’entourent. Chantal me
me fait quitter le sud, pour aller en Isère, à Voiron. Puis en 1968, pousse à faire le choix qui semblait le plus risqué : Faire l’artiste.
mariage avec Chantal, et naissances de nos deux garçons, Laurent Cette décision prise, soutenu par ma famille, les angoisses
et Olivier dans les années 70.
se dissipèrent très vite.
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