Page 5 - Arobas5_theme07_2017-08-15
P. 5
Si Thierry s’y met aussi, ce n’est pas la peine d’insister. Je finis ma chatouillis
bûche sans dire un mot, puis je demande si je peux sortir de table Chatouillement effectué
55 (même quand je boude, je reste une fille polie) et aller me coucher. par un léger contact.
En passant, j’attrape mon livre sur mon chanteur préféré. J’hésite
un instant et je prends aussi mon nouveau journal, mon papier
« bavoir pour écrivain pas propre » et le stylo plume. J’appelle Coca,
je file dans ma chambre et je m’écroule sur mon lit. La vie est
60 vraiment trop injuste ! ! !
J’ouvre le livre, mais je suis tellement malheureuse que même la
vue du beau Christophe ne me console pas… Je le referme, j’attrape
le cahier qui me sert de journal en ce moment et je décide de Que remplace le pronom
coucher toute ma souffrance sur le papier. (Bref, d’écrire, en langage le ?
65 d’écrivaine.) Hop, j’enfonce une cartouche dans le ventre du stylo et
je le revisse. Peut-être que si j’appuie assez fort sur la plume, elle va
se casser. Ça me fera du bien au moral et maman sera obligée de
rapporter le stylo au magasin…
Ça alors !
70 La plume glisse, non, elle danse sur le papier. Les boucles des l
s’envolent, les barres des p plongent avec élégance. Devant un tel
spectacle, les mots filent dans ma tête, ils s’alignent avec grâce sur
la feuille qui, elle aussi, semble apprécier ce gai chatouillis.
Ce stylo est magique ! C’est une vraie plume d’écrivain. Et,
75 absolument-définitivement-sans la moindre hésitation, le meilleur
cadeau de Noël que j’ai jamais eu de ma vie.
Sophie LAROCHE, La pickpockette, Boucherville, Éditions de Mortagne, 2013, p. 19-31.
La joie des fêtes ! 135
13278_131-150_noel.indd 135 15-03-18 11:06