Page 44 - Islenska
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à jamais dans un univers de glace. Et celui qui accédait à l’origine se perdait aux confins de l’inlandis, cristallisé par la glace, pris au piège. Après son récit, l’elfe Sigge ordonna à Ingol- fur de mettre son talent de sculpteur au service d’une mission. Il s’exécuta sans rien demander de plus. Car il ne fait pas bon défier un elfe. C’est alors qu’il créa l’amulette qui se balançait à mon cou. La statuette de Thor. L’elfe préci- sa la nécessité absolue d’insérer une ouverture secrète sous le siège du dieu. Sigge observa le viking travailler le bois, sans ajouter un seul mot pendant cette opération. Quand il eut fini, l’elfe prit la statuette dans sa pogne et murmu- ra quelques incantations. Puis, sans un regard, il s’enfuit avec, laissant seul Ingolfur avec son couteau à la main et de la sciure à ses pieds. Il ne le revit jamais et ne posa jamais aucune question sur l’événement. Il se doutait simple- ment qu’un lien existait entre la légende que lui avait raconté Sigge et la statuette qu’il venait de concevoir. Je lui confirmais ce lien. J’étais moi aussi persuadée que l’amulette détenait un pouvoir, qu’elle contenait une magie si puis- sante qu’aucun humain ne pourrait la supporter. Son ouverture de quelques secondes l’instant d’avant avait provoqué chez moi une sensation pénétrante et envoûtante. Grâce à elle, je par- lais la langue d’Ingolfur. Grâce à elle, je savais désormais ce que je devais faire. Explorer les icebergs de Jökulsárlón et retrouver la genèse de toute cette aventure.
Nous fûmes dérangés par une soudaine agi- tation sur le navire. Autour de nous, tous les marins s’affairaient. Nous approchions la terre