Page 43 - Islenska
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mais modifia à jamais la perception de mon en- vironnement. Le viking s’inquiéta de mon état. Il ne comprenait pas ce qu’il venait de se passer. Je lui répondis aussitôt que moi non plus, mais que ça allait. Le temps se figea plusieurs se- condes. Nous nous sommes regardés, médusés. Je venais de répondre dans sa langue. J’avais compris chaque mot de sa question et j’avais répliqué sans réfléchir. J’en restais coite. Il me demanda, hésitant, si je parlais norrois. Non, je ne parlais pas norrois. Du moins, avant. Je réfléchis au quart de tour et désignant l’amu- lette de Thor, je lui dis simplement que désor- mais, oui, je le comprenais. Cette opportunité nous ouvrit une large porte menant directement à une complicité nouvelle et intense. Nous dis- cutâmes encore longtemps toujours assis à la proue. Je découvris l’univers de ce guerrier et de ses compatriotes. Un univers loin de la bar- barie que j’imaginais. Puis il me conta l’histoire de l’amulette. Comment un jour, quand il était encore un jeune fermier, un elfe avait surgi dans son logis. Cet elfe, qui s’appelait Sigge, lui avait parlé de son pays, de sa terre. Il lui avait confié toutes les légendes autour de la naissance de l’Islande. Ingolfur me transmit à son tour ces connaissances, dans lesquelles se mêlaient la glace et le feu, des géants, un arbre cosmique, des dieux, un serpent, un loup et un cheval à huit pattes. J’étais passionnée par son récit my- thologique. Je le vivais. L’Islande était née d’une brûlure, celle de la glace et du magma cramoisi. Des traces de l’émergence de l’Islande subsis- taient dans un endroit nommé Jökulsárlón. Un endroit magique empreint de sérénité spectrale. Tout humain qui hantait les lieux s’évanouissait


































































































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