Page 41 - Islenska
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congru, il ne cessait de jeter des coups d’œil à l’amulette, relevant régulièrement un sourcil interrogateur. Finalement, la curiosité finit par l’emporter et il osa redire ce que nous nous étions maintes fois dit : ‘‘Þórr’’. Il montrait du regard le pendentif. Timidement, je pris en main la statuette, sans l’ôter de mon cou et question- nai le viking : Þórr ? Il acquiesça de la tête. Au moment où je prononçais une nouvelle fois ce mot, je réalisais sa proximité avec le son ‘th’ an- glais. Je fis immédiatement le rapprochement. Il s’agissait de Thor. Thor, le dieu du tonnerre. J’étais satisfaite de mettre enfin un nom sur ce bonhomme au chapeau bizarre sur sa chaise. Lilja et Hjalti ne m’avaient rien dit à son su- jet. J’avoue que je n’avais rien demandé non plus. J’étais loin d’imaginer que ce bout de bois pouvait symboliser un dieu, ni qu’il puisse avoir une quelconque signification. À présent, j’avais la sensation d’être guidée et protégée par lui.
Ingolfur le montra encore, du doigt cette fois. Il voulait le toucher. Je l’ôtais donc de mon cou pour le lui laisser examiner. Thor semblait si pe- tit dans la main de ce si fort guerrier. Ingolfur le soupesa, le retourna, le manipula en tout sens, le renifla même et me regarda, comblé. Puis il partit dans un rire profond et sonore. Je l’obser- vais d’un regard étonné, l’arcade relevée, me demandant ce qu’il y avait de drôle dans cette scène. Le doux guerrier lâcha subitement un flot de paroles, suivis de geste amples, riant à en perdre sa moustache. Face à mon incompréhen- sion évidente, il s’arrêta net et sortit un petit couteau. J’eus un stupide réflexe de recul et ne me réinstallai que quand il fit mine de travailler