Page 40 - Islenska
P. 40
souleva méticuleusement mon pendentif. In- certain, il me regarda, jaugea mes vêtements inadaptés, baragouina un message impossible auquel je répétais inlassablement ‘Þórr’, ‘Þórr’, ‘Þórr’. Le visage du viking se radoucit, il abais- sa son épée, le collier retomba sur ma peau. La bataille faisait toujours rage autour. Il me fit signe de rester tapie derrière le tonneau, puis, il repartit à l’assaut. De ma cachette, blottie, je ne pouvais qu’entendre les mouvements. Je n’osais plus regarder. Des heures passèrent avant que le bruit des armes ne s’assagît. Je sentis le langskip quitter tranquillement la rive et tracer sur l’eau. Pour autant, je n’osais me découvrir.
C’est Ingolfur, mon « sauveur », qui vint me dénicher. Il avait l’air las et fier à la fois, les cheveux ébouriffés, le teint rouge. Le sang de l’ennemi collait à ses vêtements. Il me fit signe de le suivre. Je ne discutai pas. Dans un silence pieux, et sous les regards médusés de ses compagnons, j’avançais, troublée. Les se- condes s’alourdissaient, les premiers chuchote- ments se firent entendre. Il me mena devant celui qui semblait mener cette équipée. D’abord nerveux, ce dernier s’apaisa quand Ingolfur dé- signa l’amulette à mon cou. Il grommela des mots incompréhensibles et ne ses soucia pas davantage de moi. Peu lui importait qui j’étais, le pendentif semblait être un gage. Cela suffi- sait. Ingolfur, devenu seul maître de mon des- tin, était beaucoup plus intrigué par ma pré- sence. Il m’invita à gagner la proue du navire. Une fois assis, nous avons, pendant des heures, échanger nos silences. Durant cet entretien in-