Page 42 - Islenska
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la statuette. Il semblait me dire que la statuette avait été sculptée. Je m’extasiai faussement, me doutant bien qu’elle n’était pas sortie de terre telle quelle. Ingolfur insista. Tantôt il mimait la taille du bois, tantôt il se désignait lui-même avec la pointe de son couteau. Après de multi- ples palabres muettes, je finis par comprendre ce qu’il voulait me dire. J’ai d’abord cru que l’ob- jet lui appartenait, alors qu’en réalité, aussi im- probable qu’étrange, c’est lui, Ingolfur, lui, qui avait façonné l’amulette. Je ne savais plus si je devais être étonnée ou si cette dernière nouvelle faisait partie de la féerie de l’Islande. Je n’eus pas le temps de méditer ces pensées. Le viking m’attrapa le bras et réclama toute mon atten- tion. Il s’approcha de moi comme pour me révé- ler un secret. Dans le même temps, il avança la statuette au niveau de nos yeux. Puis, dans une douce caresse, il lissa d’un doigt le chapeau bi- zarre du dieu. Trop concentrée, j’eus un ridicule réflexe de recul quand l’objet accoucha d’un lé- ger mais net craquement. Ingolfur se moqua de ma peur. Juste assez de temps pour que nous découvrions ensemble que le socle de la chaise sur laquelle était assis Thor venait de s’ouvrir. J’avais porté ce talisman tout ce temps sans me rendre compte de cette anomalie. J’étais à la fois ahurie, excitée et désarçonnée. Déçue de ne pas avoir découvert cela bien avant, mais surtout déçue que la cache ne recèle aucun tré- sor. L’intérieur de la statuette était vide. Face à mon désarroi, Ingolfur referma aussitôt le cla- pet et remis le médaillon à mon cou. C’est au moment où il frôla ma peau que je la sentis. Une puissance foudroyante était en train d’en- vahir mon corps. Cela ne dura qu’une seconde