Page 47 - Islenska
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Face à moi, aux pieds de l’escarpement, une plaine courte arrêtée par une forêt puis une fa- laise assez haute. Cette falaise prenait légère- ment naissance à ma droite pour mourir à ma gauche. C’est comme si un arc-de-cercle s’était formé autour du grand rocher sur lequel j’étais. Je prenais mentalement une photo panora- mique des lieux, et je compris. Il me fallait voir les choses sous un autre angle. À hauteur de dieux. Le cheval à huit pattes était un mythe. Sûr qu’il ne faisait pas la taille d’un cheval nor- mal. Probablement un géant, et l’arc-de-cercle au centre duquel je me trouvais ne devait être rien d’autre que l’empreinte d’un de ses pas. J’étais au beau milieu d’une trace laissée par Sleipnir. Je décidais de descendre immédiate- ment au cœur de l’empreinte. J’étais intriguée de déambuler là où Sleipnir aurait foulé le sol. Je continuais vers la pointe de ce sabot imagi- naire, intriguée par la petite forêt que j’avais aperçu auparavant. Elle était la première que je voyais en Islande.
Dès l’orée de cette forêt, je fus accueillie par des oiseaux qui me guidèrent aussitôt sur un minuscule sentier entre les arbres. La tempé- rature se rafraîchissait graduellement. Je me baladais sans inquiétude accompagnée des oi- seaux et entourée d’arbres, au son d’une cas- cade. Plus j’avançais, plus le bruit de la cascade m’enveloppait. Tout à coup, la forêt s’arrêta net. Face à moi, à une cinquantaine de pas, la base de la falaise aperçue tout à l’heure. Je venais enfin d’atteindre le bout du sabot de Sleipnir. Entre la forêt et le début de la falaise, un étang féerique de vert alimenté par une frêle cascade,