Page 58 - Islenska
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manteau blanc acide. Un glacier. Des lettres s’imprimèrent automatiquement dans mon cer- veau, formant un mot : le Vatnajökull. La beau- té pure du paysage me saisit à la gorge. Les langues de glace du Vatnajökull parvenaient jusqu’à la lagune à mes pieds. Un lac gigan- tesque abritait les débris de glace. Certains pe- tits, d’autres énormes, tous icebergs façonnés par l’eau. Trouvant une barque de fortune, je m’engouffrais, frigorifiée, pour naviguer sur le lac bleu, entre les icebergs. Pas un ne ressem- blait à l’autre. Les formes différaient, des blocs, des creusets, de la glace striée. Du translucide au noir sombre, en passant par un dégradé infini de bleu, indigo, azur, électrique, et tant d’autres. Les couleurs se mêlaient, s’organi- saient. Le soleil épisodique contre la glace de lumière. Des reflets d’or blanc m’obligeaient parfois à fermer les yeux. Dans ce monde, il y a des beautés trop uniques pour qu’elles soient simplement accessibles aux hommes. Nous ris- querions de nous y brûler.
Happée par la glace et l’esthétique des lieux, je réalisais. J’étais à Jökulsárlón. Enfin. Les mots d’Ingolfur résonnèrent dans ma tête. Je touchais la statuette de Thor, elle vibrait sensi- blement, une légère sensation de chaleur. Je le- vais les yeux, un iceberg différent des autres at- tira mon attention. Extraordinairement sculpté. Sublime de pureté. L’eau et le soleil étaient-ils les seuls artisans de cette œuvre ? Le panel de couleur était complet. Toutes les nuances des autres icebergs se retrouvaient en celui-ci. Mais une seule m’hypnotisa. Un bleu limpide que lui seul possédait. Je me dirigeais vers lui, puis,

































































































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