Page 183 - LETTRES AMICALES ET AMOUREUSES
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ADIEU .
Charmante Yolande, puisque je dois partir
Accepte encore ces vers pour ultime souvenir.
Dans ton album intime, trouve leur une place,
Afin qu'un jour ton regard distrait
Me donne, en les voyant, un instant de regret.
« Le temps, diras-tu alors, le temps efface
Bien des affections, sans en laisser de trace ;
Alexandre, qui m'aimait d'un véritable amour,
Sans doute en aime une autre, et l'encense à son tour. »
Peut-être, alors, peut-être une triste pensée,
Te viendra, pour avoir cet amour repoussé ;
Peut-être, en ce temps-là, sauras-tu mieux le prix
De cette affection, qui n'a que ton mépris.
Moi, cependant, toujours à mon culte fidèle,
Je songerai souvent combien tu étais belle ;
Combien ta gaieté, combien ta candeur
Et ton esprit bienveillant animaient la douceur.
Quel bonheur c'eût été de voir ton âme tendre
S'émouvoir aux discours qu'elle voulait entendre ;
Quel bonheur de sentir ta charmante main
Trembler, quand mon aveu sollicitait le sien.
Si parfois un billet, d'écriture ignorée,
M'arrive, en le voyant, bien fort mon cœur battra,
Et l'espoir, un instant, dans mon sein rentrera.
Puis, d'erreur en erreur, et d'année en année,
Je perdrai cet espoir, faible, mais consolant,
Et je retomberai dans mon triste néant.
Alejandro Alé 04/04/2016