Page 5 - PDF LA NATION ARABE
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\Ä °àt|à âÇx yÉ|á bÜtÇ                                                           Mardi 23 Avril 2019
                                                                                                                                                       5


                           (Partie 6 et fin)

                                      70e anniversaire de l’attaque de la poste centrale d’Oran


                                        L’histoire d’une plaque commémorative

                                   LE  TÉMOIGNAGE D’AHMED



                                    BEN BELLA,  CHEF DE L’OS


             Ancien militant, Ahmed Ben Bella, originaire de Maghnia , a fait un témoignage à Robert Merle . Dans cet entretien il parle de l’attaque de la
              poste d’Oran.  « Cependant, les difficultés financières du parti continuaient à nous paralyser, et les jeunes militants de l’Organisation Spé‐
                                                   ciale étaient décidés à sortir coûte que coûte de cette situation.

                                         beaucoup de soin. Pour dé-
               Page réalisée par M.H
                  récisément parce que   tourner de nos militants les
                  nous étions désintéres-  soupçons de la police, on dé-
            Psés, nous n’avions pas à    cida de donner à l’affaire l’al-
            l’égard de l’argent les scru-  lure d’un hold-up, monté par
            pules bourgeois  et prudents  Pierrot-le-fou, dont les ex-
            de nos dirigeants. Nous leur  ploits, à l’époque, remplis-
            disions : « l’argent, ce n’est pas  saient les journaux. On choisit
            ce qui manque en Algérie. Il  comme exécutants des Algé-
            faut le prendre là où il est,  riens blonds, on les habilla à
            dans les postes, dans les    l’européenne et on leur re-
            banques. Soyons conséquents  commanda de s’exprimer avec
            avec nous-mêmes. Si nous     l’accent parisien…
            sommes prêts à miser notre   Le subterfuge réussit. La
            vie dans une attaque violente  presse commença par recon-
            contre l’occupant, nous n’al-  naître dans l’attaque « la ma-
            lions pas nous figer de respect  nière de Pierrot-le-fou » et ne
            devant ses coffres-forts. » Les  manqua pas de s’émerveiller
            dirigeants finirent par accep-  que le bandit eût choisi
            ter le principe de notre projet,  l’Afrique du Nord comme
            mais non sans d’infinies gri-  nouveau théâtre d’opérations.  petit, n’échappa  pas aux en-  et qu’il décida de récupérer  avec la valise à la Police Judi-
            maces et en dégageant à      Mais la chance ne devait pas
                                                                      quêteurs et fut recueilli par  pour son usage personnel.  ciaire et constata que la partie
            l’avance leurs responsabilités.  durer. Un enchaînement in-  eux comme pièce à convic-  Ce menu pillage  eut, pour  détachée et le reste de la fer-
            Ce fut l’attaque de la poste  croyable de hasards infimes  tion. Cependant, aucune piste  nous, de graves consé-    rure s’adaptaient parfaite-
            d’Oran. Nous étions parfaite-  joua contre nous.          sérieuse n’apparaissait. Du  quences. Car, arrivé chez lui, le  ment. Il comprit  alors en un
            ment renseignés et nous pen-  Les exécutants avaient utilisé,  temps  passa, l’instruction pié-  policier éprouva des difficul-  clin d’œil que l’attaque de la
            sions mettre la main sur une  pour emporter les billets, une  tinait quand un des officiers  tés à ouvrir la valise, il y re-  poste d’Oran n’était pas un
            trentaine de millions, qui au-  valise assez usagée. Dans la  de la Police Judiciaire qui  garda de plus près et s’aperçut  hold-up banal, organisé par
            raient renfloué d’un seul coup  hâte de la fuite, une de ses  avaient pris part à l’enquête  qu’un morceau de la ferrure  des Européens, mais une opé-
            la trésorerie du parti et nous  ferrures s’accrocha et un frag-  fut muté aux Renseignements  manquait.             ration montée par le parti. A
            auraient permis d’acheter des  ment et, en s’en détachant,  Généraux. Cet homme, en    Il se souvint alors de la minus-  partir de ce moment-là, arres-
            armes. En fait, la prise fut bien  tomba sur le tapis de sol de la  perquisitionnant chez un mili-  cule pièce à conviction qu’il  tations et tortures commencè-
            moins importante.            traction avant  noire  utilisée.  tant de notre parti, y vit une  avait manipulée quelques  rent et on remonta jusqu’à
            L’attaque fut organisée avec  Ce fragment, bien que fort  valise qu’il trouva à son goût  mois plus  tôt, se précipita  moi. »



                               La ville d’Oran et sa jumelle en Amétique Latine


            Wahran El Bahia est une ville  qui attire  la carte de géographie. Pour ceux qui  Bahia. L’époque portait sur deux pé-  rait, plus tard, engagé dans l’armée de
            des visiteurs locaux et des touristes  ne connaissent pas  bien la géogra-  riodes dont la première est de 1509 à  Phillippe V pour être envoyé, en 1790,
            étrangers.Sa population est réputée  phie de l’Amérique Latine « La Nueva  1708 et la seconde de 1732 à 1792.     en Amérique du Sud. En bon soldat, il
            pour l’hospitalité et l’accueil. Elle est  Oran »  se trouve à 200 kilomètres de  Pour l’histoire et la mémoire, cette ville  fut promu au sein de la même armée.
            une ville ouverte vers l’Algérie pro-  la capitale de l’Argentine, Buenos  aurait été fondée, le 31 août 1794, par  Il aurait connu une réputation pour
            fonde, voire le monde extérieur.    Aires.                              un Oranais de naissance et d’adoption,  des valeurs et des qualités d’un bon
            Il est à noter que nombreux sont les  Par ailleurs,   cette ville, récente par  du nom de « Don Ramon Garcia ».  chef militaire ; il fut, en conséquence,
            Oranais qui connaissent bien Wahran  rapport à Wahran El Bahia, dépend,  Cette fondation s’explique par le dé-  nommé gouverneur de la province de
            El Bahia mais  ils ignorent  que leur  administrativement,  du  territoire de  part massif des Espagnols d’Oran,  Salta,  au nord de l’Argentine.
            ville ait une sœur jumelle. A cet effet,  la province de Salta, une capitale pro-  après le tremblement de terre, survenu  A la suite de cette nommination, il
            nous évoquons la nouvelle Oran,     vinciale dans la région fertile, connue  dans la nuit  du 9 au 10 Octobre 1790,  choisit le nom de -San Ramon de la
            connue sous l’appellation «  la Nueva  en Argentine : la vallée de Lerma. La  et surtout la signature des accords  Nueva Oran – pour pouvoir perpétuer
            Oran ». Bien que Wahran El Bahia soit  Nueva Oran est à 300 mètres d’alti-  entre les  Espagnols et les chefs otto-  le toponyme et le nom de la  ville qu’il
            fondée en 902 de notre ère, la  nou-  tude, ce qui lui permet de jouir d’un  mans provinciaux, à leur tête le Bey  venait de fonder en Amerique Latine.
            velle remonte à  neuf siècles plus tard.  climat subtropical .          Mohamed El Kébir, en 1792.          Par le temps, les habitants de la ville
            «  La Nueva Oran »  se trouve dans un  Elle est un  chef-lieu. La ville est dotée  Pour le fondateur de la Nueva Oran :  préférèrent simplifier le toponyme
            autre continent, en Amérique Latine,  d’un évêché, avec des catholiques, des  Don Ramon, de sa vraie identité Don  pour lui donner le nom et le qualifica-
            et plus précisément dans  le nord de  paroisses et prêtres pour rappeler  Ramon Garcia de Léon Y Pizarro, serait  tif  de sa jumelle, en Algérie : la Nueva
            l’Argentine que nous connaissons sur  l’époque espagnole de Wahran El   né  à Oran (Algérie), vers 1729 ; il se-  Oran .
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