Page 83 - MAGAZINE-GRIFF-Hivers2019-30
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SIGNE EXTÉRIEUR
DE VIRILITÉ AU CINÉMA
En dépit de la loi Evin, les icônes du grand écran résistent, dé ent le temps et font perdurer cette image de virilité associée au tabac. Même si Arnold Schwarzenegger n’en mâchouille plus dans ses  lms les plus récents, son rôle de mercenaire, le cigare planté au coin de la bouche, dans Predator a marqué à jamais l’esprit des cinéphiles. Personne ne viendra lui demander d’éteindre son havane. Que serait Philippe Noiret, véritable incarnation de la classe cinématographique sans ses éternels cigares ?
Entre une gauche toujours plus chaste et une droite coincée entre deux idées conservatrices, où et comment peut-on jouir des saveurs importées de Cuba, de la République Dominicaine ou du Nicaragua ? Impossible de le faire dans l’atmosphère chaleureuse d’un bar boisé, cela reviendrait à s’exposer aux foudres de Claude Évin. Alors, on se retranche chez soi, face à son feu de bois ou face à un comparse devant une partie d’échecs, un verre de scotch single malt 18 ans d’âge à portée de main. On peut aussi choisir d’en savourer un devant un bon  lm, calé dans un fauteuil club confortable. Sans oublier le scotch, bien sûr. L’honneur est sauf : on peut alors s’offrir un Partagas la conscience tranquille, sans passer pour cet homme sans scrupule qui exploite les classes laborieuses. Voyons les choses façon Serge Gainsbourg plutôt que Fidel Castro : fumer un havane n’a rien de révolutionnaire, mais peut en revanche donner un avant-goût de paradis.
Photo by Keenan Barber on Unsplash
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