Page 82 - MAGAZINE-GRIFF-Hivers2019-30

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LIFESTYLE/ HAVANES
DE LA
MARGINALITÉ
A FUMER
UN CIGARE
Le cigare, depuis plusieurs années, représente un objet de luxe réservé
à une élite. Affublé d’une bien mauvaise réputation à cause de son odeur, forte et accrocheuse, il fait pourtant partie de ces plaisirs de la vie qui donne du caractère à celui qui le déguste.
THOMAS ROLAND
Faire du regard et des ré exions des autres est indispensable quand on décide de fumer un cigare en extérieur, à la terrasse d’un café, ou tout simplement en marchant dans la rue.
Alors qu’on est sur le point d’allumer son précieux havane, autour de soi, les regards
se font suspicieux, mé ants voire carrément hostiles. Mais où se trouve le problème à fumer un cigare à l’extérieur ? L’odeur indispose, parait-il.
Existe-t-il une loi m’interdisant de fumer mon cigare ainsi,
dans la rue, au milieu de fumeurs de cigarettes ? Était-il imaginable de voir un administré, en pleine réunion ministérielle, invectiver de la sorte Winston Churchill ?
Fumer un cigare relève d’un véritable rituel où l’élégance prime dès l’allumage.
Si certains hérétiques usent de briquets à essence, altérant
alors le goût, il vaut mieux
se munir d’allumettes longues. Ainsi, le geste se fait plus aristocratique, ce qui sied bien plus à un objet aussi raf né auquel est souvent associé une image de virilité, de fortune
et d’aisance sociale.
Les fumeurs les plus érotomanes préfèrent peut-être le cigare à la cigarette, ayant en tête le fait que les cigares sont roulés sur les cuisses des ouvrières cubaines. Seulement, ce mythe a été popularisé par l’opéra de Georges Bizet, Carmen, qui déformait l’une
des étapes de leur fabrication, celle de la sélection des feuilles. A n d’enlever la nervure centrale de la feuille de tabac, celle-ci est posé sur les cuisses des ouvriers. À Cuba, les femmes effectuent ce travail, un énorme cigare
en bouche. Voilà de quoi faire rêver les nobles amateurs
aux idées mal placées...