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> RéFLEXIONS
32 // RéFLEXIONS COLLECTOR ARCHITECTES éMERgENTS A+E
produire des territoires viables préservant l’avenir de la terre en favorisant le vivre- ensemble.
c’est ainsi que dans le cadre de l’enseignement, il s’avérerait indiqué de promouvoir une formation qui :
- offre la qualification de pourvoir aux besoins autrement qu’en recyclant des options venues d’ailleurs en les adaptant à un contexte socio-culturel local imaginé ;
- conduit le projet à ne pas se réduire à une proposition pétrie de compromis en tous genres, mais à s’ériger en une perspective sociétale ;
- Plaide pour une réflexion qui d’une part s’ouvre sur un horizon temporel moins immédiat et déjà préfiguré par un changement climatique, une raréfaction des ressources, et une évolution démographique croissante, et d’autre part, s’écarte du mécanisme d’innovation actuel, s’appuyant principalement sur une compétitivité économique, qui en misant sur la sauvegarde de l’emploi et du niveau de vie, engendre une fragmentation spatiale et sociale.
l’homogénéisation des méthodes d’analyses territoriales ne pouvant qu’aboutir à la formulation de réponses similaires, l’enjeu face à ces défis professionnels impose d’aspirer à faire jaillir un esprit distinct chez tous. l’interpellation devient donc éminemment pédagogique et réclamerait par voie de conséquence de l’instructeur, qu’il soit créatif, à l’écoute de son auditoire, et non au service d’un savoir figé, et des étudiants, qu’ils ne soient pas juste invités à exposer leurs pensées, mais contraints d’accepter de se laisser aller à ce qui vient et de s’ouvrir à l’inconnu. ce pas de côté reposerait sur le désir de générer pour l’ensemble des apprenants, une habileté créative personnelle qui stimule leurs facultés singulières. maintenant, il reviendrait à chaque enseignant d’élaborer ses propres modalités d’instruction. Pour ma part, c’est en faisant de l’atelier de première année un terrain d’expérimentation autant pour les étudiants que pour moi, que cet engagement a été mis en œuvre. le propos ne vise pas à dicter une règle de conduite, mais plutôt à témoigner d’un échange nourri par plus de 20 promotions et qui s’amorce dès la première entrevue.
en effet, d’emblée, le jour de la rentrée, j’informe les étudiants qu’il n’y aura aucune verticalité dans le mode de diffusion, que je ne les considère pas comme des têtes vides à remplir, car j’estime qu’il réside en chacun des capacités qui ne demandent qu’à être réceptionnées, fécondées et présentées. dubitatifs, ils entament le cursus par une immersion dans l’espace sans consigne, ni indication, simplement outillés de ce qu’ils sont en tant que corps, mental et émotions et de leur perception originelle du « vide » qu’ils identifient à un indéfini sans importance. le pari est de les amener à noter tout au long du semestre, que leurs pratiques spatiales ne leur révèlent que ce qu’ils savent déjà inconsciemment et qu’en s’enracinant dans leur intériorité, ils parviennent à dépasser les apparences. ils flairent alors qu’en éveillant les sens, le sensible se connecte à l’intelligible et provoque la pensée. ils s’aperçoivent que bien dessiner est inutile s’ils n’ont pas de dessein, et qu’il est attendu d’eux de s’exprimer graphiquement, spontanément et non d’honorer une instruction. ils sont en complément invités à s’impliquer à travers une discussion collective et prennent conscience que leurs apports contribuent au contenu de leur apprentissage durant la séance. Peu à peu, ils développent une attitude valorisant l’attention, l’argumentaire, l’ouverture à l’altérité et décèlent ainsi, aussi bien l’univers des possibles, que leur réflexe à le restreindre par l’autocensure. Progressivement, ils finissent par s’attribuer le droit de penser hors du cadre qu’ils se sont fixés et déplacent leurs perspectives.


































































































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