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la mise en place d’un enseignement fondé sur l’intention du geste et non sur sa raison commandée, incite les étudiants à s’autoriser à se tromper, à imaginer et à convertir le « pourquoi pas » en solutions envisageables. Au fil du temps, ils acquièrent une autonomie intellectuelle, s’émancipent de l’image qu’ils ont d’eux-mêmes et développent un esprit critique. ils conviennent qu’un point de vue s’argumente et qu’il ne s’agit pas, faisant au passage la nuance entre bavardage et participation active, juste de prendre la parole. ils mesurent la nécessité d’être perméables aux lieux et de disposer d’une culture générale pour faire fructifier leurs pensées.
il en découle au second semestre une approche de l’exercice-projet qui ne s’inscrit plus uniquement dans une gestion des contraintes. cette dilatation oriente l’étudiant vers l’infini des possibles. le travail consiste à accompagner les étudiants dans une libre matérialisation de leurs aspirations, guidée par le rêve et l’exigence du réalisable.l’héritaged’uneconsciencesensibleléguéeparuneminutieuseexploration sensorielle de leur milieu ambiant durant le premier semestre, les persuade qu’un bâtiment ne s’exhibe pas, mais se vie dans l’action. cette démarche conduit à des esquisses où la simple motivation esthétique apparaît immédiatement insuffisante à créer un environnement vivable. elle invite par conséquent les étudiants à insérer le réel au cœur de leur réflexion. et c’est ainsi que le bâtiment ne se meut pas en un objet architectural, mais en une construction qui opère une synergie avec un existant qui va du ciel au sol. la rue n’est pas une voie carrossable constituée par le tracé de deux droites parallèles, mais une aire d’articulation, de transition, de promenade menant d’un endroit à l’autre. l’espace vert n’est pas une « tâche verte » ou un « poumon vert « mais le paysage d’un instant de repos, de rencontre, ou d’une traversée. le vide n’est pas du néant, mais un interstice qui donne sa pleine signification au bâti. cette posture leur permet d’effectuer une distinction entre une imagination hors contexte et celle au service d’une production réaliste qui s’implante dans un existant animé.
Pour ce qui se rapporte à l’acte créatif, les étudiants éprouvent leur formatage par l’existant et leur blocage devant toute libre association d’idées. ils intègrent que l’architecture n’est pas le fruit d’une suite de révélations ou un don, mais bien celui d’un long et laborieux travail intérieur. une même attention est, à ce propos, portée aux fausses-routes et aux dénouements plus heureux, et ce, sans jugement de valeur, car leur genèse établit qu’avant de se cristalliser, les intentions empruntent de nombreux chemins de traverse et que leur pertinence siège autant dans les méandres des pérégrinations de la pensée, que dans leur aboutissement.
une vigilance accrue est également exercée à l’égard de ces étudiants particuliers qui tendent à se manifester avec une profondeur plus instinctive qu’intellectuelle, pour qu’ils détectent l’écart entre une idée non maîtrisée et une réflexion confuse, mais fondée. Par la même occasion, ils attestent tous de la gratuité de certaines inspirations prétendument originales, mais dénuées de sens et sont alors amenés à percevoir la nuance entre « être à la mode » et « être dans l’air du temps » qui édicte d’écouter à la fois « ce qui est » et « ce qu’on est ». ils perçoivent qu’il est important de prendre en considération la façon dont la société vit effectivement son territoire et que cela implique d’entrer en résonance avec le site concrètement et non virtuellement. ils comprennent alors comment le regard individuel d’un architecte citoyen vient servir l’attente du collectif. à l’issue du second semestre, ils constatent qu’ils ont reçu l’enseignement qu’ils ont exigé et induit par leur implication et concèdent avec plaisir ou regret s’ils n’ont pas assez travaillé, l’importance de leur engagement dans l’acquisition des savoirs et l’émancipation de leur être.